April 11, 2006 Silver Spring, Maryland, États-Unis …. [Mark A. Kellner/ANN]La découverte d’un exemplaire, vieux de 1 700 ans, de « l’Évangile de Judas, » texte gnostique ancien censé contenir un dialogue entre Jésus de Nazareth et Judas Iscariot, n’en fait ni un évangile authentique, ni une annonce de bonne nouvelle, disent des érudits et universitaires de l’Église adventiste du septième jour. « C’était une hérésie à l’époque et c’en est une maintenant. » Telle fut la franche évaluation du prof. Gerhard Pfandl, directeur adjoint de l’Institut de recherche biblique de l’Église, qui compte l’archéologie du Proche Orient parmi ses centres d’intérêt professionnels. D’après un organisme privé étatsunien, la National Geographic Society, ce codex (ou manuscrit) de l’Évangile de Judas, récemment mis à jour, représente un progrès dans l’étude érudite des débuts du christianisme. « L’Évangile de Judas propose une vision différente des relations entre Jésus et Judas, avec une perspective nouvelle sur le disciple qui a trahi Jésus. À la différence des récits des Évangiles du Nouveau Testament, qu’il s’agisse de celui de Matthieu, de Luc ou de Jean, où l’on décrit Judas comme un traître vilipendé, cet évangile récemment découvert le représente comme agissant à la demande de Jésus quand il le dénonce aux autorités, » a déclaré la National Geographic Society dans un communiqué annonçant la publication qui fait l’objet de la couverture du numéro de mai 2006 de son magazine « National Geographic. » À en croire la National Geographic Society, le thème central de ce livre est radicalement différent de celui des évangiles du Nouveau Testament : « L’Évangile de Judas débute ainsi : « [Voici] le compte rendu secret de la révélation [qu’a faite] Jésus en conversation avec Judas Iscariot pendant une semaine, trois jours avant qu’il célèbre la Pâques. » Il reprend des thèmes que les experts tiennent pour cohérents vis-à-vis des traditions [gnostiques]. Dans la toute première scène, Jésus se moque de ses disciples parce qu’ils adressent des prières à « votre Dieu, » entendant par là le Dieu « inférieur » de l’Ancien Testament, créateur du monde. Il met les disciples au défi de le regarder et de comprendre qui il est vraiment, mais ils se détournent. » « Le passage clé est celui où Jésus dit à Judas, « … tu les dépasseras tous. Car tu sacrifieras l’homme qui me vêt. » En aidant Jésus à se débarrasser de sa dépouille physique, Judas allait contribuer à la libération du véritable être spirituel, ou divin, présent en [Jésus] lui-même, » déclare le communiqué de la National Geographic Society. Il peut y avoir quelque chose d’intéressant dans une telle approche, dit le prof. W. Larry Richards, directeur du Centre de recherche sur les manuscrits grecs du Séminaire théologique adventiste d’Andrews University, mais ce n’est pas l’Évangile. Répondant au téléphone de son bureau de Berrien Springs, dans le Michigan, le prof. Richards a dit que la philosophie sous-jacente du gnosticisme, à savoir que le corps physique est « mauvais » et doit être détruit pour que l’homme soit sauvé, constitue « une très puissante attaque contre le coeur même de notre message, » lequel insiste sur la santé spirituelle, mentale et physique, a-t-il dit. « J’aimerais faire quelque chose qui apprendrait à nos fidèles ce qu’est la position de base des gnostiques et comment elle revient à la surface au XXe siècle, pour que les gens soient sur leur garde, » a-t-il dit en parlant du manuscrit « de Judas. » Et d’ajouter que d’autres textes populaires, tels le roman de Dan Brown, « Da Vinci Code, » dont on a vendu 40 millions d’exemplaires et qui sortira bientôt au cinéma, sont riches en idées gnostiques. Par ailleurs, dit le prof. Richards, l’Église chrétienne a décidé depuis très longtemps que des livres tels que « l’Évangile de Judas » ne relevaient pas du canon néotestamentaire. « Nous avons toute une histoire, une tradition, [qui veut] que le canon ait été achevé au IVe siècle, et comme nous faisons partie du mouvement chrétien, nous n’allons pas nous écarter de cette position. Elle figure dans les annales des siècles passés, sur quoi nous nous appuyons, et nous croyons que Dieu n’y est pas étranger ; et pour nous, ouvrir la porte à des livres supplémentaires engendrerait le chaos, » a-t-il expliqué. De plus, a dit W.L. Richards, la pensée gnostique ne peut être que rejetée par les chrétiens parce qu’elle barre le chemin du salut : le gnosticisme, avec sa notion d’effort humain requis pour atteindre ce qu’il nomme l’essence spirituelle de l’homme, décale le salut, qui n’est plus un cadeau de Dieu mais le résultat des efforts de l’homme. « Le christianisme est la seule religion mondial où le salut est d’origine extérieure à l’être humaine, » rappelle-t-il. Selon Greg King, professeur de religion à la Southern Adventist University de Collegedale, dans le Tennessee, les chrétiens qui croient en la Bible devraient s’intéresser au manuscrit « de Judas, » mais pas pour les raisons avancées par ceux qui en font la promotion. « Il montre l’accomplissement du verset biblique où Paul, se tournant vers les anciens d’Éphèse, leur a dit : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux, » » a expliqué dit Greg King, citant les Actes des apôtres, 20.29-30. « Une seconde chose qu’il vaut la peine de dire est que nous devrions nous y intéresser parce que cela fait apparaître les hérésies, les faux enseignements qui s’étaient déjà multipliés pendant cette période, a-t-il ajouté. Je trouve ironique qu’une grande part du monde érudit établi soit à ce point excitée à propos de cette découverte, alors qu’il y a encore tant de vérité à découvrir dans la révélation canonique de Dieu figurant dans l’Écriture, que l’on ignore si souvent. » Quant au prof. Warren Trenchard, recteur de La Sierra University, institution adventiste de Riverside, en Californie, il conclut : « Je pense que la valeur d’un tel document tient simplement à ce qu’il nous aide à élargir notre image de la variété des christianismes qu’on pouvait rencontrer lors des premiers pas de l’Église. En fait, ce que nous voyons là constitue une caractéristique d’un christianisme en expansion et en plein développement. »Copyright © 2004 Adventist News Network.

Image by ANN. Photo de Kenneth Garrett ©2006 National Geographic Society
Image by ANN Photo de Kenneth Garrett ©2006 National Geographic Society

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