Le 17 août 2020 | Venezuela | Carlos Rafael Schupnik Fleitas

Cet article provient de l’Encyclopedia of Seventh-day Adventists (ESDA), d’ailleurs gratuitement accessible sur encyclopedia.adventist.org.

Ernestina Moreno était une enseignante accomplie, une instructrice sur la Bible et une infirmière du Venezuela.

Jeunesse et famille

Née le 26 février 1889 à Caracas, Ernestina était la seule fille de Juan Baudelin et de Margarita Moreno. Lorsqu’elle avait cinq ans, son père est décédé et elle a vécu avec sa mère jusqu’à la mort de cette dernière en 1913. N’ayant pas d’autres enfants, Margarita a élevé deux autres filles qu’Ernestina appelait ses sœurs. Elle a appris la couture, ainsi que le chant et la guitare.

En février 1925, elle a accepté le message adventiste, ayant découvert ses doctrines par Francisco Cabrera, puis a été baptisée à Los Chorros le 12 décembre de la même année. Ce jour-là, le pasteur Barrowdale a également baptisé Josefa Lira, Agripina Llovea, Carlina Rodríguez, Isabel de Gasmardo, Aída et María Mosquera ainsi que Cruz Perera et son fils, Victor.1

Ernestina n’a reçu que peu d’éducation formelle et ne s’est jamais mariée.

Son ministère

Lors d’une certaine réunion d’église tenue à Caracas en 1927, « elle a entendu les rapports de nos ouvriers et a été attristée de ne pas avoir pu rendre ses propres comptes. Elle a donc promis au Seigneur de faire tous les sacrifices nécessaires pour pouvoir assister à la session générale suivante et témoigner de son travail. »2

Le pasteur E. E. Andross, alors président de la Mission de la Colombie et du Venezuela, a plus tard rapporté que,

De Caracas, elle s’est rendue à Aroa, où elle a ouvert une petite entreprise de couturières et commencé à travailler humblement avec ses voisines. Ernestina n’était pas allée à l’école… ses revenus étaient très faibles, mais en dépit de tous les obstacles, elle n’a pas abandonné son désir de gagner des âmes pour Jésus. Peu de temps plus tard, elle a ouvert une petite école du sabbat. Et même si elle n’était pas formée, elle y a tenu des rencontres d’évangélisation les dimanches soir.3

La considérant comme une instructrice sur la Bible compétente, la Mission du Venezuela l’a assignée, en 1928, à Aroa, dans l’État d’Yaracuy, dans la région centre-ouest du pays.4

Lors de la session générale de 1930, Ernestina a parlé de ses expériences « d’une voix étouffée par la joie et rapporté sept candidats au baptême, une école du sabbat solide et environ 26 personnes qui fréquentent les réunions du dimanche soir. »5 Elle est restée à Aroa pendant sept ans.

Après être retournée à Caracas en 1935, la Mission l’a transférée la même année à Barquisimeto, dans l’État de Lara, où elle a servi comme enseignante et instructrice sur la Bible pendant six mois. En février 1936, elle a fréquenté une école mise sur pied à Caracas par la Mission sous la direction du pasteur Luis Greenridge. Ses camarades de classe comprenaient notamment Catalina Rodríguez, Sara Elena Acosta, Brígida Palencia, les sœurs Paula, Emilia et Sara García Pérez, Antonia Gil et Nathaniel García.6 Après cette formation, Ernestina a commencé à travailler à Río Santiago, un village dans l’État de Sucre, près de Río Caribe, ville natale des frères Arismendi (Cruz et Rufino), qui ont, avec bien d’autres, assisté aux cours d’Ernestina. En effet, elle y a servi comme enseignante et instructrice sur la Bible pendant deux ans. Rufino Arismendi est plus tard devenu un pasteur consacré et un dirigeant de l’Église au Venezuela.

À la fin de 1938, elle s’est déplacée vers Botucal, au centre de l’État de Portuguesa. C’était la ville où demeuraient les familles Rivas et Escobar. Leurs parents avaient demandé à la Mission d’y établir une école adventiste, où Ernestina a enseigné pendant sept ans.

Toutefois, elle n’y gagnait pas de salaire de base. Elle a souvent passé des semaines entières à ne manger que du yucca ou des bananes en plus de produits occasionnels de son propre jardin. Sans électricité et souvent sans chandelles, elle devait, chaque soir, vérifier son lit, ses vêtements, sa cuisine, etc. pour tuer les serpents qui aurait pu s’y introduire ou du moins les faire fuir afin de pouvoir dormir en paix.7 Ses sacrifices n’ont pas été en vain, car de ses élèves sont sortis des pasteurs, des enseignants et des professionnels de diverses spécialités, y compris des diplômés universitaires. Chaque année, le pasteur Sherman, président de la Mission du Venezuela, la visitait et lui apportait, de la part de la Mission, une boîte de nourriture.8

Ses classes ont aussi produit des dirigeants d’église comme le pasteur Eduardo Armando Escobar, le père du pasteur Rodolfo Escobar, qui est plus tard devenu un administrateur des Missions de l’est et de l’ouest du Venezuela. À cet endroit, Ernestina a aussi adopté Haidee et Lourdes Rivas, qu’elle a aidées à aller étudier à Medellín, en Colombie, à l’école adventiste offrant le plus haut niveau d’éducation de l’époque sur le territoire de l’ancienne Union de la Colombie et du Venezuela. Les deux filles sont revenues comme enseignantes missionnaires et ont travaillé dans leur pays.9 Luisa Gutiérrez est une autre jeune femme qui a reçu les enseignements d’Ernestina, cette dernière ayant été la seule à réussir à lui faire passer au travers de la troisième année. Plus tard, quand Luisa est allée étudier à Medellín, un test l’a placée en première année collégiale. Voilà la profondeur du type d’éducation offerte par Ernestina.10

À Botucal, un serpent a mordu sa fille adoptive Haidee au pied. Dieu l’a enfin guérie après beaucoup de prière et de soins, mais elle en a toujours gardé une cicatrice.11

Enfin, à cause de la détérioration de sa santé, Ernestina a quitté Botucal en 1945, laissant Haidee Rivas comme responsable de l’école. De retour à Caracas, elle a travaillé comme enseignante et comme infirmière au dispensaire adventiste. Et en 1947, elle est allée à Aroa, puis à San Fernando de Apure avant de se rendre à San Cristóbal, dans l’État de Táchira.12 Le dernier endroit où elle a travaillé fut l’école adventiste de Limón, dans l’État d’Aragua, où elle est arrivée en 1949 et où elle est restée jusqu’en 1953. Cette année-là, elle a dû subir une opération gastrique d’urgence. Les médecins ont alors trouvé que deux tumeurs avaient détruit son estomac, son foie et ses intestins.13 Elle est décédée le 21 mai 1953 à l’âge de 64 ans et a été enterrée à Caracas.14

Contribution et héritage

Ernestina Moreno a enseigné à de nombreux enfants qui ont plus tard occupé des postes importants dans l’Église, comme Rufino Arismendi et Eduardo Armando Escobar. Elle a été une pionnière de l’éducation adventiste dans les villes de Barquisimeto, d’Aroa, de San Fernando de Apure, de San Cristóbal, d’El Limón et de Botucal.

Traduction : Marie-Michèle Robitaille

Ressources

García Robayna, Nathaniel. Sin Temor al Futuro. Caracas, Venezuela: Litografía Litobrit c.a., 1990.

Greenridge, Luis. « Comienzos y Desarrollo de la Obra de la Iglesia Adventista en Venezuela.” Thesis, Colegio Adventista de las Antillas, 1935.

Schupnik, Carlos. Aquí obró Dios: Historia Iglesia Adventista del Séptimo Día. Nirgua, Estado Yaracuy, Venezuela: Artes Gráficas del Instituto Universitario Adventista de Venezuela, July 2010.

Schupnik, Carlos. “Historia del Instituto Vocacional de Venezuela.” Course final paper, Instituto Vocacional de Venezuela, 1984.

Références

  1. Nathaniel García Robayna, Sin Temor al Futuro (Caracas, Venezuela: Litografía Litobrit c.a., 1990), 38.
  2. Luis Greenridge, « Comienzos y Desarrollo de la Obra de la Iglesia Adventista en Venezuela” (thesis, Colegio Adventista de las Antillas, 1935), 49.
  3. Idem, 50.
  4. Idem, 38.
  5. Idem.
  6. García Robayna, 87.
  7. Idem, 8.
  8. Idem.
  9. Idem.
  10. Carlos Schupnik, “Historia del Instituto Vocacional de Venezuela” (course final paper, Instituto Vocacional de Venezuela, 1984), 2.
  11. Haidee Rivas de Soto, interview by author, October 2015.
  12. García Robayna, 39.
  13. Idem.
  14. Carlos Schupnik, Aquí obró Dios: Historia Iglesia Adventista del Séptimo Día (Nirgua, Estado Yaracuy, Venezuela: Artes Gráficas del Instituto Universitario Adventista de Venezuela, July 2010), 65.

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