Cet article est l’adaptation d’une présentation offerte le 26 août dernier. Les éditeurs d’Adventist Review.

Dernièrement, j’ai entendu l’un des meilleurs diagnostics du mal qui règne dans le monde actuel de la part d’un homme du nom de Jaron Lanier.

Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de lui. Il a 60 ans, il vit à Berkeley, en Californie, et on dit de lui qu’il est un oracle de la technologie, la conscience de Silicon Valley, un homme qui se préoccupe du bien-être des autres, un scientifique informatique aux solutions attentionnées.

Il s’avère qu’il y a beaucoup à savoir sur Jaron Lanier. Nous n’avons pas le temps de tout examiner ici, mais il suffit de dire qu’il est parmi les plus connus de Silicon Valley et qu’il a la réputation d’un homme brillant au grand cœur.

Il a écrit plusieurs livres sur les effets de la technologie sur les êtres humains, dont un est intitulé You Are Not a Gadget: A Manifesto (« Vous n’êtes pas un gadget : un manifeste ») publié en 2010. Son dernier livre, que je n’ai pas lu, Ten Arguments for Deleting Your Social Media Accounts Right Now (« Dix raisons de supprimer maintenant vos comptes de médias sociaux ») est paru en 2018.

Puis récemment, l’auteur d’un article l’a convaincu de faire une prédiction : « Cette année, j’ai l’impression que nous sommes à la croisée des chemins… Nous sommes au bord du précipice, devant l’effondrement, la révolution ou les deux… Je veux que quelqu’un, je veux que Jaron Lanier, me dise où nous allons et si tout ira bien lorsque nous y serons. »

Dans sa réponse, M. Lanier a commencé par dire qu’il n’essaie pas de dire aux gens comment vivre. Il croit que les documents fondateurs de l’Amérique, comme il les a appelés, portent véritablement sur la poursuite du bonheur. Mais comme il s’agit d’une poursuite, il n’a pas tenté de définir ce en quoi elle devrait consister pour qui que ce soit.

Il a dit, « Je pense que la priorité est de ne pas créer d’incitatifs qui anéantissent la quête de sens à la vie, de bonheur, de décence ou d’amélioration. »

Autrement dit, la plus grande priorité du monde est d’éviter d’inciter les gens à détruire leurs chances ou les chances des autres de chercher le bonheur, la décence et l’amélioration. Ne détruisez donc pas le monde que vous avez actuellement pour plus tard vouloir le ravoir alors qu’il ne sera plus disponible.

Pourtant, cela semble être exactement ce que la race humaine est en train de faire.

Dans cette phrase complexe sur les incitatifs pervers se trouve le diagnostic de M. Lanier sur les effets des médias sociaux sur l’humanité depuis les années 2000. Il a montré que les principaux joueurs, qu’il identifie comme étant Google, Facebook et Twitter, ont tous pris une décision consciente à leurs tout débuts qui s’avère être une erreur monumentale.

Les technologies de ces entreprises ont été inventées vers la fin du vingtième siècle, époque lors de laquelle la culture de l’Internet prônait la gratuité de tout, de manière à promouvoir l’égalité autant que possible. Ainsi, ces entrepreneurs en technologie ont délibérément choisi d’offrir, par ces nouvelles entreprises de l’Internet, quelque chose qui avait l’air gratuit.

Il s’agit plutôt d’un modèle fondé sur la publicité. Et la sombre réalité de ce modèle dont on parle très peu, c’est que la commodité de ce type d’entreprise, ce sont les êtres humains qui utilisent le service, y compris les êtres humains qui pensent faire des recherches gratuitement sur Google.

D’ailleurs, en écoutant et en lisant sur les propos de Jaron Lanier, j’attendais qu’il utilise des termes technologiques pour parler du mal, mais je ne l’ai pas encore entendu prononcer un seul mot qui ressemble à des idées ou à du vocabulaire technologique. Il ne s’agit pas ici d’une critique. Sa façon de décrire avec autant d’éloquence le dilemme moral de la race humaine créé par les médias sociaux me semble d’autant plus intéressante pour cette raison. Il semble décrire le grand conflit (expression utilisée par les adventistes du septième jour pour décrire la lutte constante entre Dieu et Satan) sans même savoir de quoi il s’agit.

Même si je comprenais déjà une partie de ce qui se cache derrière les médias sociaux, M. Lanier a dit quelque chose qui m’a aidé à mieux comprendre ce avec quoi nous sommes aux prises. Il a dit ne pas voir les médias sociaux comme des médias sociaux. Il les voit plutôt comme d’énormes systèmes de modification du comportement conçus d’après le modèle de récompense et de punition de Pavlov, d’ailleurs extrêmement addictifs. Mais non seulement sont-ils addictifs, ils sont également sujets aux algorithmes, qui récompensent généralement tout ce qui suscite la plus grande réaction humaine et élimine tout ce qui suscite moins de réactions. Vous savez pourquoi? Plus grande est la réaction humaine, plus c’est payant.

Et en 20 ans, ces algorithmes ont donc involontairement identifié cette énorme erreur des entrepreneurs en technologie comme Mark Zuckerberg et Jack Dorsey. Les algorithmes qu’ils ont mis en place identifient les réactions humaines les plus fortes et les amplifient et les amplifient et les amplifient. Et nous voilà en 2020.

Vous connaissez la nature des réactions humaines les plus rapides et les plus fortes? Elles sont toutes négatives. Il s’agit de la peur et de la haine.

À ce sujet, M. Lanier a mentionné un cercle qu’il considère comme particulièrement alarmant. Il a parlé de la manière dont le mouvement Black Lives Matter est devenu si connu si rapidement grâce aux médias sociaux il y a quelques années, puis de la réaction qu’il a suscitée, une réaction hautement amplifiée : la propagation de la suprématie blanche et d’autres types de haine. Selon lui, les médias sociaux présentent ces groupes complètement opposés dans la société les uns aux autres, puis font monter leurs conflits d’un cran afin de faire plus d’argent.

Bien que certaines entreprises aient commencé à boycotter Facebook pour ses algorithmes qui amplifient la haine et ébranlent la démocratie, entre autres conséquences graves, elles sont motivées par autre chose et celle-ci n’est pas biblique. Il explique que ces entreprises boycottent Facebook parce qu’il s’y vend des produits aux jeunes les plus en colère par la haine qui y est véhiculée et qu’elles ne veulent pas perdre de ventes. Il ne s’agit donc pas d’une décision morale, mais d’autoprotection. C’est là la méthode du monde.

L’auteur de l’article a donc ensuite demandé à M. Lanier, « Qu’en est-il donc de l’avenir? Est-ce que tout ira bien? »

Sa réponse : « Peut-être. »

Comme nous le savons, aucun être humain ne peut connaître l’avenir. Aucun oracle technologique ne peut tracer le cours de l’histoire de l’humanité.

Toujours est-il que Jaron Lanier a qualifié les médias sociaux de systèmes de modification du comportement. Pour ma part, je le vois plutôt comme un système classique de modification du cœur humain. Il me rappelle la façon dont certaines sociétés du vingtième siècle ont entendu un message amplifié de haine pour ensuite le laisser pénétrer leur cœur et définir leur réaction. Vous savez de quoi je parle?

Et je vois un certain danger pour les disciples de Christ. Comme les technologies ont pratiquement englouti la culture, l’utilisation que nous en faisons et notre immersion en elles sont très significatives. En effet, non seulement nous nous rapprochons énormément de certaines des pires influences, mais en plus, nous pouvons devenir si absorbés que la technologie peut nous pervertir sans même que nous nous en rendions compte. D’après M. Lanier, les médias sociaux sont pires que la cigarette, car bien que cette dernière puisse vous tuer, elle ne vous pervertit pas en tant qu’être humain en même temps.

Ainsi, pour moi, la réalité de la croix de Jésus et, surtout maintenant, la présence du Saint-Esprit en nous et parmi nous sont plus importantes que jamais.

Paul a dit ceci aux Corinthiens : « Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les sages, et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants. Dieu a porté son choix sur ce qui n’a aucune noblesse et que le monde méprise, sur ce qui est considéré comme insignifiant, pour réduire à néant ce que le monde estime important. Ainsi, aucune créature ne pourra se vanter devant Dieu. » (1 Corinthiens 1:27-29, italiques ajoutés)

Et juste avant, l’apôtre a dit que « nous prêchons Christ mis en croix, ce qui est une cause de rejet pour les Juifs et une folie pour les Grecs. Mais pour tous ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. » (Versets 23, 24)

J’avoue qu’il y a eu des jours où la culture qui m’entoure m’a beaucoup distrait. Elle peut vraiment affirmer son pouvoir. Et tout tourne autour du pouvoir. Mais qu’est-ce qui ou qui a le pouvoir de modifier notre cœur? Jésus a ce pouvoir et il le fait de l’intérieur. Il a simplement besoin que nous lui donnions l’espace mental et émotionnel nécessaire. Par contre, si l’espace est rempli du mal de ce monde, il aura besoin de notre permission pour tout balayer.

Jésus, qui parle directement à notre esprit par le Saint-Esprit pour nous transformer, est le seul système de modification du comportement plus puissant que les médias sociaux. Et voilà mon souhait pour vous et moi aujourd’hui.

Tim Lale est rédacteur pigiste à Burtonsville, dans l’État américain du Maryland. Il a fermé son compte Facebook en 2017 après dix tristes années d’utilisation, mais n’a pas encore échappé à Twitter.

Traduction : Marie-Michèle Robitaille

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