Le 6 novembre 2020 | Silver Spring, Maryland, États-Unis | Mark A. Kellner pour Adventist Review

Après un combat contre le cancer, la légende de musique adventiste du septième jour, Max Mace, est décédé le 4 novembre dernier, la veille de son 83e anniversaire. Sa famille a dit qu’il se trouvait alors dans sa maison de Placerville, dans l’État américain de la Californie.

En 1971, lui et sa femme, Lucy, qui vit toujours, ont formé le groupe Heritage Singers, consacrés à la musique chrétienne. Tous les deux adventistes du septième jour, les Mace voulaient proposer des harmonies contemporaines à leurs frères et sœurs dans la foi. Et au cours des cinq décennies qui ont suivi, les Heritage Singers ont employé quelque 300 chanteurs, généralement huit à la fois, et donné des concerts dans plus de 80 pays. Le nombre de personnes qui les ont vus en personne atteint probablement les millions, nombre multiplié de manière exponentielle par ceux qui ont écouté leurs enregistrements sur disques de vinyle, sur CD ou à la radio.

Pour regarder un concert des Heritage Singers, cliquez ici.

« Il savait qu’il n’était appelé qu’au ministère de la musique et de l’amour des gens », a raconté John Lomacang, un pasteur, évangéliste et chanteur adventiste du septième jour qui a chanté à temps plein avec le groupe de 1984 à 1986 et à temps partiel pendant 20 ans à partir de 1989.

« Il avait l’oreille pour le “son” Heritage, a-t-il ajouté. Bien que le répertoire du groupe ait changé avec les années, il a conservé un son incomparable. Aucun autre groupe de huit chanteurs n’avait ce son. Il savait ce qu’il voulait, il le savait immédiatement. »

Ce son, que l’on peut entendre en ligne, sur YouTube et d’autres services de diffusion en continu, était toujours rythmé, accessible et destiné à aller « droit au cœur. » Et il était heureux d’inclure des airs et des arrangements chrétiens contemporains au répertoire du groupe.

Heritage a chanté des chansons popularisées par des artistes comme Amy Grant, Michael English et Bill Gaither. Par contre, sa musique a été présentée dans un format accessible qui rejoignait les auditoires. Même à l’étranger, où l’anglais n’était pas la langue maternelle du public, les foules chantaient avec Heritage les chants de louange à Jésus.

Toujours en quête de décisions pour Christ

À la fin de chaque concert, Max appelait les membres de l’auditoire à s’engager envers Jésus comme leur Sauveur. Puis lui ou l’un de ses chanteurs priait avec chaque personne qui s’était avancée.

Max Mace était le cadet de trois frères d’Eagle, en Idaho, et il chantait, depuis sa jeunesse, en trio avec ses frères Jerry et Ron. Les frères jouaient également au softball. À l’académie adventiste Gem State d’Idaho, il a chanté dans des quatuors, ce qu’il a continué de faire au Collège de Walla Walla, maintenant l’Université de Walla Walla.

Puis parallèlement à ses études collégiales et au softball, il travaillait dans une boulangerie, devant laquelle une jeune femme du nom de Lucy Hatley passait chaque matin. Elle en était à sa dernière année d’éducation secondaire et avait un don pour la musique. Le couple s’est marié un an après la fin des études secondaires de Lucy et a célébré 62 ans de mariage au début de 2020.

Les Mace ont travaillé aux Laboratoires United Medical de Portland, en Oregon, où ils ont également dirigé un groupe de chanteurs du nom de Rose City Singers parrainés par l’entreprise. Cette expérience les a menés à former un groupe de tournée à temps plein qui ne présenterait que de la musique chrétienne.

Ces débuts n’ont pas toujours été faciles. Leur fils, Greg Mace, ingénieur du son pour le groupe et dont l’entreprise fait l’ingénierie audio de grands concerts pour d’autres artistes également, se souvient de la visite de Heritage au camp-meeting de Soquel, en Californie, en 1971. Comme il s’agissait d’une musique à laquelle tous n’étaient pas habitués, l’assemblée est devenue très silencieuse durant la performance. Un président de fédération a même dit à Max qu’il n’avait « jamais vu un groupe rendre cet endroit aussi silencieux ». En 2019, Heritage est retourné à Soquel et y a reçu un accueil beaucoup plus chaleureux, même de la part de certains qui étaient présents en 1971.

De l’autobus aux tournées à l’étranger

Mais les demandes ont commencé à affluer, et rapidement, les Mace et leurs chanteurs ont sillonné les autoroutes de l’Amérique pour donner des concerts. À ce moment, Max et Lucy ont vendu leur maison et ont acheté un vieil autobus Greyhound Scenicruiser rouillé sans même l’avoir vu, car deux chanteurs du groupe avaient reçu le mandat de choisir et d’acheter le véhicule en question. Ensuite, ils ont pris la route.

Après un travail de peinture et de lettrage, l’autobus sur lequel était écrit « Heritage Singers U.S.A. » est devenu le panneau publicitaire roulant du groupe et apparaît sur la couverture d’au moins un de leurs albums. Les ventes d’albums aux concerts et les offrandes volontaires étaient souvent leur seul moyen de payer leurs musiciens, et parfois, ces offrandes étaient plutôt maigres. Mais le pasteur Lomacang se souvient que M. Mace ne se laissait pas décourager.

« Il y a eu des moments où nous n’arrivions pas financièrement, à cause du manque d’offrandes. Mais Max avait de l’endurance. Il disait, “Ce n’était pas énorme, mais ne lâchons pas.” »

Et, avec le temps, la musique de Heritage Singers a trouvé son auditoire au sein de l’adventisme et auprès d’autres églises chrétiennes, puis s’est exportée à l’étranger. Un membre de l’Église étranger qui avait vu Heritage aux États-Unis avait été impressionné par la musique et ses résultats.

« La première fois que j’ai entendu Heritage Singers, je travaillais sur ma maîtrise en musique à l’Université Andrews, a expliqué Williams Costa Junior, un pasteur adventiste brésilien aussi compositeur et arrangeur qui dirige aujourd’hui les communications à la Conférence générale. En 1975, ils ont offert un concert à l’église Pioneer Memorial. C’était inoubliable. Ce ministère m’a profondément touché. J’ai aussi vu de nombreux jeunes présents à ce concert s’avancer lors de l’appel. L’impact spirituel sur l’auditoire était palpable. »

De plus, M. Costa croit que la réception positive de Heritage au Brésil a ouvert la voie aux musiciens, qui ont ensuite pu élargir leurs propres services partout au sein de l’Église en Amérique du Sud. « Je serai toujours reconnaissant envers Max pour sa vision, sa passion et son dévouement à présenter Jésus et le message du salut par la musique d’une manière aussi inspirante. »

Le groupe a fait de nombreuses tournées en Europe. Il planifiait même des concerts en République tchèque et en Roumanie en 2020, avant que la pandémie mondiale rende de tels voyages impossibles. Pendant 35 ans, Heritage a donné un concert annuel d’après Thanksgiving à l’église de l’Université de Loma Linda. L’auditorium était toujours plein à craquer d’un public enthousiaste.

Sa fille Val Mace-Mapa a noté que le groupe a plus de 200 000 abonnés sur Facebook et que la nouvelle du décès de Max a suscité plus d’un million de commentaires sur la page de Heritage. Elle se souvient de son père non seulement comme son « meilleur ami », mais aussi comme quelqu’un qui « pardonnait facilement. Il voulait toujours s’assurer de corriger ses torts. Et lorsqu’il pardonnait, les offenses étaient oubliées. »

Plus de 140 chanteurs sur scène

Le point culminant de l’existence du groupe, qui a duré plusieurs décennies, aura peut-être été un concert qu’il a donné en 2016 à Ontario, en Californie. Plus de 140 des chanteurs qui ont fait partie du groupe au fil des ans, dont Magdiel Pérez Schulz, adjoint de Ted N. C. Nelson, président de la Conférence générale, se sont réunis sur scène pendant trois heures pour chanter et louer Dieu. Les DVD et les CD de l’enregistrement de ce concert sont parmi les plus populaires du groupe; la musique est en vente sur de nombreux sites populaires comme Apple Music et Amazon Music.

Bien qu’elle n’ait jamais fait partie du groupe, la chanteuse Jennifer LaMountain a connu M. Mace et Heritage durant sa carrière professionnelle et se souvient des standards élevés de Max : « L’excellence faisait toujours partie de tout ce qu’il faisait. Dans son entourage, il était impossible de ne pas en être influencé. Il faisait ressortir le meilleur de tous ceux qui étaient près de lui. »

D’après Tony Anobile, un pasteur adventiste du septième jour et un vice-président de la Division nord-américaine de l’Église, l’influence de M. Mace est incommensurable.

« De ce côté du ciel, nous ne connaîtrons jamais le nombre de vies qu’il a touchées, qu’il a amenées au Seigneur et qu’il a maintenues près de Dieu. Max avait un style unique que les gens adoraient. » Max Mace et Heritage « étaient de grands ambassadeurs pour l’église en matière de prédication par la musique. »

Ana Conna Bond, qui a rencontré son mari Mark en tournée avec Heritage, se souvient de M. Mace comme « l’une des personnes les plus douces que je n’ai jamais connues. Il n’était pas aimé que par sa famille immédiate, mais par toute la famille de Heritage et par la famille élargie des chanteurs et musiciens. »

En plus de Lucy Mace, il laisse dans le deuil son frère Jerry, sa fille Val et son mari Art Mapa, son fils Greg et sa femme Adriane, ses petits-enfants Austin Mapa et sa femme Chloe ainsi qu’Amber et Bella Mace. Un enterrement privé aura lieu à Placerville, en Californie, et sera suivi d’un service commémoratif public à une date ultérieure à l’église de l’Université de Loma Linda.

Tim Davis, chanteur et arrangeur de longue date pour Heritage, se souvient de lui comme d’un homme tellement authentique.

« Il était toujours si sincère, gentil et attentionné; un homme à la larme facile, il était aussi généreux et indulgent. Il représentait réellement Jésus, réellement. »

Enfin, M. Davis a ajouté ceci : « Je peux vous dire que Max Mace était le parfait exemple. Il était un héros; il était certainement mon héros. »

Traduction : Marie-Michèle Robitaille

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