En Californie, aux États-Unis, deux donneurs de rein et leur receveur, parents et enfants, ont tenu une réunion virtuelle le 22 avril dernier lors du mois national Donate Life (« Donner la vie »).
À peine quelques semaines avant la réunion, les deux familles ne s’étaient jamais rencontrées, mais elles sont dorénavant connectées par le don de la vie et se disent reconnaissantes que leurs chemins se soient croisés de cette manière inusitée.
Leur histoire est semblable. Brittin Gillespie, 31 ans, de Bishop, en Californie, voulait donner un rein à son père, Jeff Aukee, 56 ans, qui luttait contre une maladie rénale exigeant trois traitements de dialyse par semaine, mais ils n’étaient pas compatibles. Puis à quelque 480 kilomètres de là, à Santa Maria, en Californie, Jason Turton, 32 ans, voulait aider sa mère, Carolyn Turton, 63 ans, souffrant d’insuffisance rénale de stade 4, mais eux non plus n’étaient pas compatibles.
Heureusement, tous les quatre étaient inscrits aux programmes d’échange de reins par l’entremise du Centre médical de l’Université de Loma Linda et du Centre médical de la Californie Pacifique (CPMC pour California Pacific Medical Center) de Sutter, rendant possible l’échange jumelé.
Mêlés et jumelés
L’échange de reins jumelé permet à des récepteurs qui ont un donneur disposé, mais incompatible, comme un(e) partenaire de vie, un frère ou une sœur, un enfant, un autre membre de la famille ou un ami, de se jumeler à d’autres paires de donneur-récepteur dans la même situation. D’après Michael E. de Vera, directeur de l’Institut de transplantation de l’Université de Loma Linda, les échanges de reins comme ceux-ci, où deux jeunes donneurs donnent leur rein au parent de l’autre, sont rares.
« Environ mille échanges de reins entre deux paires ou plus de récepteurs et de donneurs se font chaque année aux États-Unis, a expliqué M. de Vera. De ces échanges, seulement quelques-uns constituent de telles situations, où deux jeunes donnent leur rein à des récepteurs qui sont justement le parent de l’autre. »
Brittin a donné son rein à Carolyn alors que Jason a donné son rein à Jeff. Les quatre opérations ont eu lieu le 23 mars, les reins des donneurs ayant été transportés par avions commerciaux, l’un de Los Angeles à San Francisco et l’autre dans la direction inverse.
Selon Sherri Dixon, qui coordonne les transplantations de reins de donneurs vivants du Centre médical de l’Université de Loma Linda, les échanges entre paires comme celui-ci sont des expériences inoubliables qui lient les donneurs et les récepteurs pour toujours.
Brittin n’a pas hésité une seconde à donner son rein à un étranger. « Les gens qui connaissaient la situation de mon père et qui savaient que j’étais sur une liste de transplantation étaient étonnés que je sois prête à subir une si grosse opération. Mais quand c’est votre parent ou un proche qui est dans le besoin, vous feriez n’importe quoi pour les revoir en bonne santé », a-t-elle expliqué.
C’était la même chose pour Jason. « Ma mère a reçu un rein et moi, j’aide quelqu’un d’autre. C’était une décision facile à prendre. »
Rencontre virtuelle entre les « échangeurs »
Bien que l’identité des donneurs et des récepteurs d’organes soit gardée secrète pour protéger la vie privée des patients, Britten a trouvé Jason grâce à des mots-clics (hashtags) sur Instagram, où il avait partagé des nouvelles et des photos de son opération et de celle de Carolyn au CPMC de Sutter.
Brittin se souvient d’avoir comparé la date de l’opération mentionnée sur ses publications sociales avant de le contacter prudemment. Son message à Jason disait ceci : « Si vous avez nommé votre rein “Leroy”, je pense que vous êtes le donneur de mon père! »
Jason était fou de joie de voir le message de Brittin et a expliqué comment, à la blague, précédemment, il avait nommé son rein Leroy pour faire rire sa famille et détendre l’atmosphère, et c’est resté. Et même les équipes de soins, tant du Centre médical de l’Université de Loma Linda que du CPMC de Sutter, avaient commencé à appeler le rein Leroy.
« C’est cool de voir que tout le monde a participé et perpétré la blague », a dit Jason en rigolant.
Jeff et Jason ont même parlé de Leroy lors de la réunion virtuelle.
« Le vieux Leroy fait des miracles. Je suis un gars en santé maintenant. Je peux retourner faire ce que j’aime… être un grand-père pour mes trois petits-fils », a dit Jeff.
Lors de la séance de 30 minutes sur Zoom, les membres du groupe étaient ravis d’enfin voir le visage des autres. Ils ont souri, ils ont ri et se sont réjouis de la compagnie les uns des autres, se disant tous heureux du bon rétablissement de chacun.
Carolyn non plus ne pouvait assez remercier Brittin. « Tu as changé ma vie. » Elle a fait faire un porte-clés pour Brittin avec la date de la transplantation ainsi qu’un oreiller avec leurs deux noms liés par les mots « Donate Life » ainsi qu’une image de rein.
Connecté à jamais, ce quatuor espère que leur histoire en inspirera d’autres à en apprendre sur le don d’organe de donneurs vivants et à possiblement même donner.
« Je le referais cent fois; ça valait totalement le coup », a dit Brittin.
À propos du programme de don d’organe vivant
Bien que de nombreuses greffes de rein proviennent de personnes qui sont décédées, les patients dans le besoin peuvent recevoir un rein de la part d’un proche ou d’un étranger altruiste grâce au programme de don d’organe vivant. Une batterie de tests est effectuée pour assurer la compatibilité entre le donneur et le récepteur. Les reins sont les organes les plus fréquemment transplantés d’un donneur vivant, mais des personnes vivantes peuvent aussi donner une partie de poumon, de pancréas, de foie ou d’intestin. Le site internet de l’Institut de transplantation de l’Université de Loma Linda contient des renseignements sur le processus à suivre pour devenir un donneur vivant de rein.
La version originale de cet article a été publiée sur le site de nouvelles du Centre médical de l’Université de Loma Linda.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille