Le 22 avril 2022 | Silver Spring, Maryland, États-Unis | Maryellen Hacko de l’ANN
Dans un rapport spécial présenté lors de la réunion du printemps tenu virtuellement le 12 avril dernier, la Conférence générale des adventistes du septième jour (CG) a dévoilé son plan de réintroduction de la mission comme objectif principal de l’Église mondiale. N’ayant pas suffisamment mis l’accent sur les territoires et les peuples non atteints depuis 50 ans, la CG espère que son nouvel objectif et sa nouvelle matrice aideront les divisions et les autres entités adventistes à envoyer prioritairement des familles missionnaires dans les régions qui ont le plus besoin du message de l’Évangile.
Pourquoi avons-nous besoin d’une nouvelle matrice?
« L’allocation la plus importante de notre budget mondial, soit 16,5 %, sert à soutenir le programme administré par les Services et ressources humaines pour l’international (IRPS pour International Personnel Resources and Services). Comme gestionnaires fidèles des ressources, nous devons poser des questions et trouver des réponses qui nous aident à maximiser ces ressources utilisées pour la mission », a dit Paul H. Douglas, directeur financier de la CG.
Avec Erton Köhler, secrétaire exécutif de la CG et conseiller au Bureau de la mission adventiste et à l’Institut de la mission mondiale, M. Douglas et Karen Porter, secrétaire adjointe de la CG, ont justifié la nouvelle matrice de l’Église par la transformation de l’objectif principal de la mission adventiste qui s’est produite au cours des 150 dernières années ainsi que par les statistiques passées et actuelles sur l’évangélisation.
« En 1909, les 100 000 membres de l’Église envoyaient déjà une moyenne de 100 nouveaux missionnaires par année et soutenaient des missionnaires dans 70 champs missionnaires autour du monde. C’est un missionnaire par 1 000 membres chaque année, a expliqué M. Douglas. Et la quasi-totalité d’entre eux a contribué au démarrage de l’œuvre où l’Église n’était pas encore établie. En comparaison avec aujourd’hui, l’Église a moins de trois missionnaires en service pour chaque tranche de 10 000 membres. Et la plupart de ces missionnaires ont été envoyés pour assumer des rôles administratifs plutôt que pour implanter des églises dans des zones impénétrées et atteindre de nouveaux peuples. »
En expliquant ce changement de cible, M. Köhler a ajouté que « Le succès des [premiers] efforts missionnaires a nécessité que les dirigeants et les remplaçants passent plus de temps à l’administration de ce qui existait déjà. Il n’y a pas de mal à cela, car ce devait être fait. Seulement, le nombre de missionnaires envoyés pour défricher de nouvelles régions diminuait peu à peu. La charge administrative croissante nécessitait l’ajout de politiques, de supervision et de formation de la part des nouveaux dirigeants. »
Étant donné les exigences administratives croissantes, la présentation a mis en lumière la façon dont l’Église a cessé d’avoir pour objectif principal l’introduction de l’Évangile dans des territoires non atteints. En présentant sa nouvelle matrice, la CG vise donc à redistribuer les ressources et à remettre cet objectif de l’avant.
Qu’impliquera la nouvelle matrice?
La nouvelle matrice déployée par la CG recentrera les ressources sur les peuples non atteints et sous atteints en recommandant aux divisions et aux autres entités adventistes de prioriser l’usage du Code 1 primaire pour les employés en service international (ISE pour International Service Employees) dans leurs budgets, et ce, pour les dix prochaines années selon les critères suivants :
Bien sûr, les budgets peuvent continuer de financer autre chose que ce nouvel objectif missionnaire si nécessaire, mais il est prévu que 35 % de tous les budgets d’ISE de Code 1 primaire répondent aux nouveaux critères d’ici 2027 et 70 % d’ici 2032. En comparaison, seulement 12 à 24 % de tous les budgets de Code 1 répondent actuellement aux critères proposés. Selon cet objectif, il pourrait y avoir environ 280 missionnaires affectés aux régions, aux territoires et aux peuples non atteints dans dix ans.
« Le calendrier s’étend sur dix ans afin d’accorder amplement de temps à cette transition, a assuré Mme Porter. Les pourcentages couvrent le champ mondial et ne s’appliquent pas à chaque division ou entité individuellement. Certains territoires comptent plus de régions ou de peuples non atteints que d’autres. Mais au total, d’ici 2032, l’Église mondiale espère atteindre ce but avec l’aide de Dieu. »
Comment les divisions passeront-elles à la nouvelle matrice?
En termes simples, les divisions et les entités qui envoient des ISE devront examiner attentivement les critères de la nouvelle matrice et se demander si le poste qu’ils tentent de pourvoir y correspond. Ils devront sans doute se poser des questions comme :
Pour répondre aux nouveaux critères, les divisions et les entités peuvent accéder aux ressources offertes par la CG sous forme de conseils et de financement. Elles comprennent :
« Il n’y aura aucun changement soudain ou rapide, a assuré M. Köhler. Les divisions devront faire des plans au cours des prochains mois, tout comme nous ferons des plans pour les aider. »
Comme considération secondaire au sein de la nouvelle matrice, la CG encourage les divisions et autres entités à envoyer, lorsque c’est possible, plus d’ISE qu’elles n’en reçoivent. « Aller dans cette direction n’est pas simple, il faudra du temps et de la planification stratégique, a acquiescé Mme Porter. Mais nous vous lançons le défi de passer de l’entité réceptrice à l’entité expéditrice. Ayons un esprit de sacrifice comme nos premiers pionniers afin de répandre l’Évangile dans les régions vierges et parmi les peuples non atteints. »
Certains territoires du monde ont besoin d’une influence adventiste
En mentionnant des endroits où l’Église adventiste pourrait avoir un réel impact quand ses fonds seront déplacés sous la nouvelle matrice, M. Köhler a donné des exemples de territoires du monde où l’Évangile est difficile à partager ou où la population demeure non atteinte.
« L’Union du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA pour Middle East and North Africa) n’est responsable que de l’un des nombreux territoires du monde à faire face aux mêmes défis et ayant besoin d’aide particulière et de plus de missionnaires, a expliqué M. Köhler. Sur le territoire de la MENA, 11 villes de plus d’un million d’habitants ne comptent aucune église ni aucun ouvrier missionnaire — ni même aucun membre adventiste! Sur le même territoire, sept pays de la péninsule arabique n’ont pas un seul membre de l’Église adventiste. Lorsque nous considérons la Libye, nous n’avons aucun ouvrier organisé en place. En Syrie, où les adventistes ont été bannis il y a 50 ans, nous devons faire quelque chose. La MENA ne peut le faire seule. Elle a de toute urgence besoin de plus de missionnaires. »
Poursuivant avec ses exemples, M. Köhler a expliqué combien l’Église adventiste est gravement sous-représentée dans des pays densément peuplés, comme l’Inde et d’autres territoires non chrétiens et postchrétiens.
« Si certaines régions décident de nous soutenir et de retourner des budgets de Code 1 pour ISE à la CG ou de remplacer des missionnaires de Code 1 par des missionnaires de Code 4 en les payant avec des fonds locaux ou en organisant des projets missionnaires locaux, [nous pourrions] atteindre et soutenir la mission dans ces régions négligées », a ajouté M. Köhler.
Ted N. C. Wilson, président de la CG, est bien d’accord : « Nous avons une nouvelle matrice missionnaire qui a besoin de tout votre soutien. Si nous décidons tous de le faire ensemble, bien des régions du monde où la présence adventiste est minime ou inexistante, où nous n’envoyons ni fonds ni missionnaires, bien des grandes villes où nous devons développer des projets missionnaires seront atteintes et affectées positivement par l’établissement de nouveaux groupes d’adoration. »
En terminant la présentation, M. Douglas a dit ceci : « Nous ne devons pas oublier que nous sommes appelés à être des pêcheurs, à attraper des poissons plutôt que seulement nous occuper d’aquariums. Nous avons besoin d’une vue d’ensemble et devons demeurer concentrés sur l’atteinte de lieux et de peuples qui n’ont pas encore eu la chance d’entendre ce que le reste d’entre nous sommes bénis de savoir. »
Traduction : Marie-Michèle Robitaille