En Haïti, un forum équipe les pasteurs et les étudiants en théologie pour l’inclusion dans la mission

27 Avril 2023 | Carrefour, Port-au-Prince, Haïti | Jean Carmy Felixon et Actualités de la Division Inter Américaine

L’Université Adventiste d’Haïti (UNAH) a récemment tenu son Forum Théologique annuel sur son campus principal à Carrefour, à Port-au-Prince, du 9 au 11 mars 2023. Le forum a réuni plus de 100 étudiants en théologie et pasteurs de district, dans un format hybride en ligne et en présentiel.

Le programme dont le thème était « Vers un Pastorat Pour Tous au 21ème Siècle, » était organisé par la Faculté de Théologie de l’UNAH et visait à équiper les pasteurs et les étudiants en théologie pour l’inclusion et la non-discrimination dans le ministère pastoral.

Le doyen de la Faculté de Théologie de l’UNAH et organisateur principal du programme, pasteur Edgard Etienne, a expliqué la raison d’être du programme. « Nous avons considéré l’évolution de la société et le fait que nous préparions des pasteurs pour la génération actuelle, » a déclaré pasteur Etienne. « Nous ne pouvons pas préparer des personnes qui regardent en arrière, mais qui comprennent d’abord leur ministère et ceux auprès desquels ils exercent ce ministère, » a-t-il déclaré. Pasteur Etienne a poursuivi en soulignant que le ministère pastoral ne se déroule pas dans le vide, et qu’il est là pour répondre aux besoins de l’époque.

« La façon dont l’Église adventiste était dirigée en 1990 n’est pas nécessairement être la même en 2023. Bien que l’Église n’ait pas changé d’identité, elle doit trouver des moyens de répondre à chaque groupe de la société, » a dit pasteur Etienne.

Un pasteur pour tous

En même temps, il a expliqué qu’être pasteur pour tous ne signifie pas que n’importe qui peut être pasteur. « Une telle déclaration serait contraire à l’enseignement biblique sur les dons spirituels. Cela signifie que le ministère du pasteur touche tout le monde et va au-delà de la congrégation dont on a la charge, » a ajouté pasteur Etienne. « Un pasteur adventiste doit être un pasteur pour la communauté, offrant ses services aux résidents de la communauté qui ne sont pas membres de la congrégation. »

Dans son message d’ouverture officielle du programme, le pasteur Leonard Johnson, secrétaire exécutif de la Division Inter Américaine, a abordé la question de la fidélisation des membres. « C’est un défi majeur pour l’Église adventiste du septième jour au 21ème siècle. »

Leonard Johnson a invité les participants au programme à suivre les méthodes de Jésus, qui comprenaient le fait de gagner le cœur des gens et de jouer un rôle actif dans leur vie. « Être pasteur, c’est plus que prêcher et enseigner ; vous devez gagner le cœur des gens, » a-t-il déclaré. « Vous devez vous efforcer de comprendre les gens dans le contexte de leurs expériences, de leur douleur. Il faut passer du temps avec eux. »

Mission et croissance de l’église

Lors de sa présentation sur la croissance de l’église dans un contexte post-moderne, le vice-président des affaires académiques de l’UNAH, Watland François, a attiré l’attention des pasteurs et des étudiants sur leur mission, ce qui, a-t-il dit, peut assurer la croissance de l’église. Dr François a montré le lien entre la croissance quantitative et la croissance qualitative. « Vous avez besoin de quantité pour avoir de la qualité, mais vous avez besoin de qualité pour avoir de la quantité, » a-t-il déclaré.

Watland François a également montré quelques défis amenés par la postmodernité. « Tout est remis en question ; la vision binaire et toute vérité préétablie sont rejetées, » a-t-il expliqué. Selon Watland François, les milléniaux veulent les mêmes choses que les autres générations en ce qui concerne la mission de l’église mais avec d’autres méthodes. « Être pasteur au 21ème siècle nécessite de s’accrocher fermement aux principes de l’église, mais aussi d’être créatif et innovant, » a déclaré Dr François. « Soyez fermes dans vos principes et ouverts dans vos habitudes, » a-t-il conseillé.

Sujets pour l’époque

Les séances plénières et en petits groupes comprenaient des sujets tels que les relations avec les autres religions, les droits de l’homme, la technologie, la spiritualité personnelle et les ministères indépendants. Lors d’une séance plénière le sabbat, le président de l’UNAH, Edmond Sénèque, a invité ceux qui souhaiteraient collaborer avec des ministères indépendants à choisir les ministères qui soutiennent la mission de l’Église. Il a mentionné Maranatha Volunteers International, un ministère qui a soutenu l’UNAH surtout après le tremblement de terre de 2010.

Le pasteur Etienne, quant à lui, a expliqué comment les relations interreligieuses et interconfessionnelles cordiales de l’Église adventiste peuvent aider à limiter la persécution et contribuer à la mission de l’Église. « Lorsque vous êtes en bons termes avec les autres, ils peuvent vous aider et vous soutenir, » a déclaré pasteur Etienne.

Il a mentionné le récent incident malheureux aux Philippines, où un hélicoptère a disparu au-dessus de l’océan. « Des personnes qui n’étaient pas membres de l’église ont été impliquées dans la recherche des disparus, grâce à la bonne réputation de l’église, » a-t-il indiqué. Pasteur Etienne a également mis en garde contre le fait de considérer avec mépris les autres croyants non adventistes. En Haïti, a-t-il dit, nous devons faire plus pour établir le contact avec les autres croyants.

Faire face à des défis uniques

Ces sujets et d’autres sont des sujets pertinents pour les défis actuels auxquels les pasteurs adventistes doivent faire face en Haïti et ailleurs, a expliqué pasteur Etienne.

« Actuellement, en Haïti, les défis des pasteurs sont multiples. Nous avons une église majoritairement composée de jeunes, de moins en moins impliqués. Et à une époque où l’Église adventiste mondiale promeut ‘l’Implication Totale des Membres,’ le manque d’implication des jeunes est vraiment problématique, » a dit pasteur Etienne.

Ce n’est pas que ceux qui ne sont pas impliqués n’aiment pas l’Église adventiste, a-t-il dit. « Ils vont à l’église le sabbat matin pour le service du culte, mais il se peut que ce que nous leur proposons ne réponde pas au minimum qu’ils attendent. » Cela devient un défi majeur pour un pasteur qui doit avoir la plupart de ses membres d’église impliqués dans la mission de l’église.

Haïti fait également face à des difficultés socio-politiques majeurs, a expliqué pasteur Etienne. « Actuellement, il y a des églises qui ne peuvent pas se réunir le mercredi soir, et d’autres congrégations qui ne peuvent même pas se réunir le sabbat matin, » a-t-il dit.

Un Tournant

Dans son sermon du sabbat, le président de l’Union Haïtienne, le pasteur Pierre Caporal, a appelé les pasteurs à n’être « ni indifférents ni insensibles à la souffrance présente dans l’environnement où ils exercent leur ministère pastoral. Il a invité les membres et les dirigeants d’église à crier au Seigneur face à l’état actuel de leur pays. « Quand Dieu entendra nos cris, il agira, » a déclaré pasteur Caporal.

Pasteur Caporal a également invité les étudiants à s’appuyer sur Dieu et à continuer de lui faire confiance, même dans un contexte incertain.

Lauvenson Lauvin, un étudiant qui a participé au forum, a dit que ses attentes ont été comblées. « Nous avons pu voir une emphase placée dans un pastorat christocentrique, » a dit Lauvenson Lauvin. « Pour moi, c’est un tournant dans notre œuvre. »

Traduction: Patrick Luciathe