Le 30 janvier 2024 | Roumanie | ADRA Roumanie et Adventist Review
Que pourriez-vous demander de plus d’une relation que d’être en paix avec votre partenaire afin de former une famille, un foyer, un espace sécuritaire où il fait bon vivre et grandir, un nid de soutien et d’amour?
Eli* a déjà rêvé d’une telle situation. Elle rêvait d’une maison remplie de rires et de bonheur. Elle en rêvait depuis la séparation de ses parents lorsqu’elle n’avait que six ans. Mais c’est plutôt sur un chemin truffé de larmes et de violence, de négligence et d’impuissance qu’elle s’est retrouvée.
L’histoire d’Eli débute chez son arrière-grand-mère, qui a dû s’occuper d’elle et de sa sœur, parce que son père les avait quittées. Lorsque les voisins ont remarqué les difficultés de la vieille dame à prendre soin des filles, ils ont alerté les services de la protection de l’enfance, qui sont venus les chercher pour les amener dans un centre jeunesse gouvernemental. Pour Eli, c’était génial, car elle a rapidement commencé à recevoir le soutien des éducateurs grâce à son assiduité. Elle avait un mentor pour la guider durant sa jeunesse, l’enseignant de langue roumaine du centre, qui l’a aidée à découvrir son amour pour les connaissances et l’apprentissage.Cependant, les filles passaient les congés avec leur père, qu’Eli décrit comme un homme égoïste et complètement indifférent à son éducation. Elle dit qu’elle n’a reçu de lui que des coups et de dures paroles. Du temps qu’elle a passé dans ce centre jeunesse gouvernemental, de l’âge de six ans à 21 ans, elle garde d’excellents souvenirs, mais aller chez son père était, chaque fois, une expérience traumatisante. Elle se souvient d’un épisode, lorsqu’elle était encore petite, où son père était rentré du travail et avait trouvé des assiettes sales dans la cuisine. Il avait placé ses filles côte à côte et avait essuyé la vaisselle sale sur leurs joues.
Lorsqu’elle a quitté le centre jeunesse, les choses ne se sont pas améliorées. À 22 ans, elle a épousé un homme de huit ans son aîné. La relation a duré huit ans, mais s’est terminée, car il était un homme possessif et jaloux. La relation suivante a duré onze ans et mené à la naissance d’une petite fille, bien que ce partenaire ne voulait pas d’enfants. Pour elle, la nouvelle qu’elle était enceinte était la seule lueur d’espoir dans une mer de déceptions.
Pour devenir mère, Eli a donc assumé toutes les responsabilités, étant donné la non-participation totale du père. Et en plus des moments de violence physique et mentale, il y avait la pression constante manifestée par la sœur de son partenaire, qui était toujours présente dans la relation et sans qui il ne prenait aucune décision.
Elle se décrit comme un battante, quelqu’un qui s’investit dans les gens et qui aime beaucoup aider. Elle a vu une émission de télévision qui lui a fait comprendre qu’elle était victime de violence, ce qui l’a plus tard menée à Casa ADRA (Maison ADRA), un lieu financé par l’Agence de développement et de secours adventiste en Roumanie, où les victimes de violence et de mauvais traitements conjugaux peuvent trouver refuge.Durant son séjour à Casa ADRA, Eli dit avoir découvert la paix et la sécurité ainsi que la force de poursuivre sa route. Elle s’est réinscrite à l’école pour terminer son éducation secondaire, rêvant d’aller ensuite à l’université. Durant tout le processus, elle était soutenue par les spécialistes de Casa ADRA, auxquels elle se sent encore très liée sur le plan émotionnel.
« Casa ADRA a été tout pour moi, a-t-elle dit. Elle m’a donné le nouveau départ dont j’avais besoin pour moi et ma petite fille. C’est là que j’ai pris conscience de ce qui m’était arrivé, que j’ai appris à me concentrer sur moi-même et sur ma fille ainsi qu’à gérer mon argent. J’y ai développé de belles amitiés durables. Les mots me manquent pour exprimer toute ma gratitude envers l’équipe de professionnels de Casa ADRA. Aujourd’hui, je vais bien grâce à ce que j’y ai appris : l’empathie, l’amour des gens et la patience au-delà de mes attentes. »
Mariana Rios, psychologue d’ADRA Roumanie, dit adorer son travail à Casa. « Je suis heureuse de rencontrer des personnes comme Eli au centre, d’avoir pu être son guide pendant quelques mois et que mon travail lui ait été utile… Elle est un exemple de motivation, de volonté et de persévérance. »
S’attaquer à la violence conjugale
Depuis 2009, ADRA Roumanie exploite le « Centre d’acceuil d’urgence des victimes de violence conjugale », connu sous le nom de Casa ADRA. Dans ce centre, ADRA Roumanie offre de l’hébergement, des séances de psychothérapie personnelles et familiales, de l’accompagnement social, de la nourriture et des soins médicaux d’urgence aux femmes (et à leurs enfants) qui ont rapporté avoir été victimes de violence conjugale aux autorités concernées. Casa ADRA a un permis émis par le ministère du Travail, de la Famille, de la Protection sociale et des Aînés du gouvernement roumain.
*Nom fictif pour conserver l’anonymat.
La version originale de cette histoire a été publiée sur le site des actualités d’ADRA Roumanie.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille