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Une cause, un mouvement, un peuple et un « petit journal »

Le 21 janvier 2024 | Silver Spring, Maryland, États-Unis | Merle Poirier, Adventist Review

Raconter l’histoire du Review, c’est révéler les débuts d’un mouvement et des personnes qui ont consacré leur vie à sa cause, car ces éléments sont inextricablement liés. James White est né dans une famille de fermiers du Maine en 1812. Enfant souvent malade, l’une de ses maladies l’a rendu strabique. Ainsi, bien qu’il tentait d’aller à l’école, tous ses efforts pour apprendre à lire étaient peine perdue. On l’a finalement envoyé à la maison pour travailler sur la ferme.

Le jeune homme costaud de six pieds (1,83 m) qu’il était faisait de lui une grande aide pour son père dans les champs. Miraculeusement, vers la fin de son adolescence, ses yeux ont cessé de loucher, et à l’âge de 19 ans, il s’est inscrit à l’école locale. Il devait être étrange de voir ce grand adolescent musclé assis parmi les petits élèves, mais il s’est assis, déterminé à rattraper le temps perdu. Et sa ténacité, plus tard révélée comme un fort trait de personnalité, lui a permis de terminer toute son éducation primaire en 12 semaines. À la fin, son enseignante ne lui a pas seulement décerné un certificat d’accomplissement, mais également un diplôme disant qu’il était apte à l’enseignement! 

Il a donc accepté un poste d’enseignant l’année suivante. De plus, il s’est inscrit à l’école méthodiste pour compléter son éducation secondaire, là où il a passé 29 semaines, les yeux rivés sur l’université. À un semestre de cet accomplissement, sa vie a pris une direction inattendue et il ne se doutait pas alors que c’est ainsi que se terminerait son éducation formelle — totalisant moins d’une année.

Lors d’une réunion adventiste en 1842, il a été convaincu que Jésus reviendrait bientôt. Il a promis de faire tout son possible pour avertir les autres. Entamant une tournée du Maine pour prêcher, M. White a fait les voyages nécessaires dans la chaleur de l’été comme dans le froid de l’hiver, ne portant parfois qu’un mince manteau, étant parfois malade et son cheval étant parfois très fatigué. Il passait d’école en école, où en quatre mois, il a été rapporté que 1 000 personnes se sont jointes au mouvement grâce à ses efforts.

Il a ensuite rencontré Ellen Harmon, une jeune femme ayant reçu un don prophétique. Il a cru en ses visions et l’a accompagnée de lieu en lieu, jusqu’à ce que des rumeurs commencent à circuler, disant que ce qu’ils faisaient était indigne. Elle avait besoin de lui, et lui d’elle, alors la solution évidente était de se marier, ce qu’ils ont fait en 1846. Puis, en 1848, sa femme lui a donné un message de Dieu l’incitant à publier un « petit journal ». À l’été de 1849, nous le trouvons en train de réfléchir au message à écrire dans le journal qu’il appellerait The Present Truth (« La vérité présente »).

Le fardeau de la publication

Ce n’était pas facile. Il n’était pas le seul rédacteur, mais il était l’éditeur et le gérant de l’expédition et de la production. Il fallait marcher huit miles (près de 13 km) pour apporter le matériel à l’imprimerie de Middletown, au Connecticut, et la même distance pour ramener le petit journal à Rocky Hill. Là, le petit groupe priait sur les 1 000 exemplaires, puis les pliait et les adressait à la main. James repartait ensuite faire le même trajet pour les mettre à la poste.

Le Present Truth a ultérieurement cédé ses droits à une publication révisée ayant reçu un nouveau nom, le Second Advent Review and Sabbath Herald, dont la nouvelle intention était précisément de porter la vérité adventiste et l’observance du sabbat. Il était gratuit, mais les lecteurs étaient encouragés à donner ce qu’ils pouvaient. Le fardeau financier et les lettres parfois critiques des lecteurs menaçaient souvent l’arrêt des publications. Six fois, James a juré que c’était terminé, mais chaque fois, Dieu est intervenu pour lui demander de continuer.

En 1851, les White sont déménagés à Saratoga Springs, dans l’État de New York, emportant avec eux l’entreprise de publication. Une jeune femme du nom de Annie Smith a envoyé un poème à être publié. Intrigué, James lui a offert un poste au journal. Mme Smith a donc pris la relève comme gestionnaire du journal, permettant à James et à Ellen White de se déplacer pour prêcher. Mais le fardeau du travail d’édition s’était répercuté sur James.

« Nous allons particulièrement bien, tous sauf moi, avait-il écrit. Je ne pourrai pas endurer encore bien longtemps les déplacements et le travail d’édition. Mercredi soir, nous avons travaillé jusqu’à deux heures du matin pour plier et emballer le no 12 du Review and Herald; puis je me suis couché et j’ai toussé jusqu’au lever du jour. Priez pour moi. La cause prospère de manière glorieuse. Peut-être le Seigneur n’aura-t-il bientôt plus besoin de moi et me laissera-t-il me reposer dans ma tombe. J’aimerais être libéré du journal. Je l’ai défendu dans l’extrême adversité; et maintenant qu’il a de nombreux amis, je me sens libre de le quitter, si seulement nous pouvions trouver quelqu’un pour s’en occuper. J’espère pouvoir y voir clair. Que le Seigneur nous dirige. »1

« U. S. »

Cette personne a été trouvée en Uriah Smith, qui, en 1853, à l’âge de 21 ans, est venu travailler pour le bureau du Review. Sa première tâche fut de faire fonctionner la presse à bras. En 1854, il était membre du comité d’édition et était aussi devenu réviseur, commis de poste, commis d’expédition, trésorier, caissier, comptable et parfois rédacteur. En 1855, après le déménagement à Battle Creek, au Michigan, James a renoncé à son rôle à cause de ses problèmes de santé. Et c’est M. Smith qui est devenu le « rédacteur en chef » à l’âge de 23 ans, travaillant avec cinq rédacteurs de correspondance, soit J. N. Andrews, James White, J. H. Waggoner, R. F. Cottrell et Stephen Pierce.

« Je n’accepte pas ce poste pour la facilité, le confort ou le gain financier, car j’ai vu, de par mon expérience au Review jusqu’ici, qu’aucune de ces choses ne se trouve ici. Mais il y a des fardeaux à porter, il y a des sacrifices à faire et il est de notre devoir, à chacun de nous, à la lumière de la vérité présente, de bien vouloir, avec entrain, faire notre possible dans la cause de Dieu », a écrit Uriah Smith dans le premier numéro dont il était le rédacteur en chef (connu durant les 50 années qui ont suivi sous le diminutif de « U. S. »)2

Au départ, le travail de rédacteur en chef était entièrement bénévole. Puis, en 1856, James White a résumé le rôle, écrivant ceci sur M. Smith :

« Le rédacteur en chef ne fait que courir, courir, courir. Il n’a le temps ni de se reposer, ni d’être encouragé ou revigoré par des amis chrétiens en visite, ni de prendre le temps de contempler de nouveaux paysages, car il doit être reclu pour accomplir ses tâches, perdre de ses couleurs et se précipiter vers sa tombe. Celui qui vous a servi pendant cinq années, qui vient d’éviter la mort, avec sa femme, et qui, maintenant (ayant laissé son poste de rédacteur) retrouve rapidement la santé et son ancienne liberté d’esprit, celui-là peut comprendre notre rédacteur en chef actuel, car il connaît ses préoccupations, son confinement, ses sacrifices pendant qu’il est enfermé pour accomplir ses tâches quinze heures sur vingt-quatre. »3 Trois ans plus tard, M. Smith recevait un salaire de 5 $ par semaine pour son travail de rédacteur en chef. M. White a repris la rédaction en 1861, jusqu’en 1864, lorsqu’il a, à nouveau, allégé ses tâches en re-confiant à M. Smith le poste de rédacteur en chef. Ce partage des tâches en va et vient entre les deux s’est poursuivi jusqu’au décès de James White en 1881.

1 James White à Stockbridge Howland, 20 février 1852, dans Ellen G. White, Life Sketches (Mountain View, Calif.: Pacific Press Pub. Assn., 1915), p. 141.

2 Review and Herald, 4 décembre 1855.

3 Review and Herald, 11 décembre 1856.

Traduction : Marie-Michèle Robitaille

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