Lors d’un programme en Jamaïque, un panel discute des défis et des opportunités de l’environnement actuel.

19 Février 2025 | Kingston, Jamaïque | Dyhann Buddoo-Fletcher et Équipe de presse de la DIA

Les dirigeants de l’Église adventiste du septième jour se sont récemment penchés sur la nature paradoxale des avancées technologiques dans le domaine de la liberté religieuse dans un panel lors du Sommet sur la Liberté Religieuse organisé par l’Union de la Jamaïque à Kingston, en Jamaïque, le 30 janvier 2025. Ils ont expliqué comment les nouvelles technologies représentent des menaces importantes tout en créant de nouvelles opportunités, tandis que les responsables du pays, dont le Premier Ministre, le Très Honorable Andrew Holness, ont discuté des réalisations et des défis dans le domaine de la liberté religieuse en Jamaïque.

L’état des lieux en Jamaïque

Andrew Holness a fait observer que la tolérance historique de la Jamaïque à l’égard des différentes religions est le résultat de décennies d’efforts délibérés visant à honorer les droits constitutionnels et à favoriser le respect mutuel, une culture qui, selon lui, ne doit pas être tenue pour acquise. Il a admis que bien que la tolérance religieuse soit à un niveau élevé, il reste encore du travail à faire.

 

De gauche à droite : Mark Golding, député et chef de l’opposition, Nigel Coke, directeur des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse de l’Union de la Jamaïque et Dr Andrew Holness, ON, PC, MP, écoutent attentivement une présentation lors du Sommet sur la Liberté Religieuse qui s’est tenu le 30 janvier 2025 au Centre de Conférences de la Jamaïque à Kingston, en Jamaïque. [Photo : Phillip Castell]

« Nous reconnaissons que malgré nos garanties constitutionnelles, certains de nos citoyens continuent d’être confrontés à des difficultés lorsqu’il s’agit de pratiquer librement leur foi, en particulier sur le lieu de travail et dans les institutions éducatives. Nous avons entendu la voix de ceux qui peuvent avoir l’impression que leurs pratiques religieuses sont parfois mal comprises ou ignorées. Ces préoccupations sont légitimes et, en tant que société, nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions qui respectent à la fois les droits individuels et les responsabilités institutionnelles, » a-t-il déclaré.

Le premier ministre a ajouté que les libertés doivent être recherchées de manière équilibrée pour maintenir la stabilité nationale. « La liberté s’accompagne de responsabilités. Souvent, la conversation est unilatérale à cet égard. Alors que nous poursuivons notre chemin vers une société fondée sur les droits, ce sur quoi nous avons fait de nombreuses avancées, nous devons aussi, dans le même temps, devenir une société responsable. Le parcours vers la liberté sans responsabilité a pour destination le chaos. »

Andrew Holness a félicité l’Église adventiste et d’autres parties concernées pour leur approche unifiée, affirmant que les discussions sont plus qu’un plaidoyer mais constituent un devoir et un exemple pour la nation.

D’autres ministres du gouvernement ont emboîté le pas en s’engageant à défendre la liberté religieuse et ont décrit les garanties juridiques intégrées dans leurs ministères à cette fin.

Le Premier Ministre, le Très Honorable Andrew Holness, discute des réalisations et des défis en matière de liberté religieuse en Jamaïque, dans son discours lors du Sommet sur la Liberté Religieuse organisé par l’Église adventiste à Kingston, en Jamaïque, le 30 janvier 2025. [Photo : Phillip Castell]

Une épée à double tranchant

Dr Nelu Burcea, directeur adjoint des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse de la Conférence Générale et l’un des quatre panélistes, a discuté du thème « L’Intersection de la Liberté Religieuse et des Nouvelles Technologies, » au cours du segment de l’après-midi.

« Tout d’abord, nous devons être conscients que nous vivons dans un monde où la technologie est une arme à double tranchant, » a dit Dr Burcea. « Dans certains pays, les groupes religieux peuvent utiliser la technologie pour proclamer leur foi. Cependant, il y a des cas où la technologie est utilisée pour réprimer les activités religieuses. Les gouvernements surveillent le contenu religieux en ligne, restreignent l’accès aux Bibles numériques et interrompent les rassemblements virtuels. »

Surveillance numérique et liberté religieuse

Brendon Coleman, directeur adjoint de la communication de l’Union de la Jamaïque et animateur de la discussion en panel, a cherché à mieux comprendre les préoccupations croissantes liées à la surveillance numérique, faisant observer que divers gouvernements utilisent la technologie pour surveiller les pratiques religieuses et réprimer la liberté d’expression.

Brendan Coleman (à droite), directeur adjoint de la communication de l’Union de la Jamaïque, anime une table ronde avec, de gauche à droite : Dr Nelu Burcea, directeur adjoint des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse de la Conférence Générale, Stacey Mitchell (au centre), présidente du Concile pour la Fraternité Interconfessionnelle de la Jamaïque et pasteur Glen Samuels, président de la Fédération de l’Ouest de la Jamaïque, à Kingston, en Jamaïque, et pasteur Dane Fletcher, directeur des ministères de la jeunesse et des campus à l’Union de la Jamaïque, lors du Sommet sur la Liberté Religieuse organisé par l’Église, le 30 janvier 2025. [Photo : Phillip Castell]

« Certains pays du Moyen-Orient utilisent de tels outils pour limiter les activités des communautés religieuses. Cela soulève une question cruciale : comment les communautés religieuses peuvent-elles protéger leurs libertés à l’ère de la surveillance numérique, ? » a demandé Brendan Coleman.

« Dans certains pays, vous ne pouvez rien faire, » a répondu Nelu Burcea. « Parce que [les responsables gouvernementaux] ont coupé l’accès à internet et que vous n’avez pas accès à votre bibliothèque numérique, et il devient presque impossible d’accéder aux documents religieux numériques. Dans d’autres pays, vous pouvez faire beaucoup de choses pour protéger vos données. »

Au-delà de la surveillance, Dr Burcea a parlé des menaces de cybersécurité qui représentent un autre risque pour les institutions religieuses. Par exemple, « la collecte de données non autorisée expose les groupes religieux à la discrimination, à la fraude financière et aux atteintes à la vie privée, » a-t-il déclaré, ajoutant : « Les données biométriques sont de plus en plus utilisées à mauvais escient, certains gouvernements exigeant des empreintes digitales et une reconnaissance faciale pour entrer dans les lieux de culte, ce qui pourrait ensuite être utilisé comme arme contre certains groupes. »

Dr Burcea a invité l’auditoire à consulter la page web du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme. « Vous serez surpris de voir tous ces détails et plus encore au sujet de ce que je suis maintenant en train de vous dire. »

Carla-Anne Roper, avocate à Kingston, présente un point lors du Sommet sur la Liberté Religieuse qui s’est tenu au Centre de Conférences de la Jamaïque à Kingston, en Jamaïque, le 30 janvier 2025. [Photo : Phillip Castell]

Une église sans murs

Pasteur Glen Samuels, président de la Fédération de l’Ouest de la Jamaïque, a attiré l’attention sur l’impact transformateur de la technologie dans la proclamation des messages religieux à l’échelle mondiale. « Le COVID-19 a ouvert des portes d’opportunités, » a-t-il déclaré. « La technologie a créé une ‘église sans murs,’ qui permet aux communautés religieuses d’atteindre des millions de personnes au-delà de leur espace physique. »

Il a cependant également mis en garde contre les dangers qui accompagnent de telles avancées. « S’il est vrai que la technologie permet la libre expression de la foi, elle présente également un défi, peut-être plus grand que les restrictions traditionnelles à la liberté religieuse, » a-t-il averti. Pasteur Samuels a fait référence à Pegasus, un logiciel espion développé par Israël que certains gouvernements auraient apparemment utilisé pour traquer et réprimer les minorités religieuses. « Il peut être attaché à distance aux appareils, surveiller les communications et enregistrer sans consentement. Cela constitue une menace sérieuse pour les libertés religieuses. »

Un appel à l’action

Bien que des restrictions religieuses existent dans de nombreuses régions, Dane Fletcher, directeur des ministères de la jeunesse et des campus à l’Union de la Jamaïque, a souligné l’importance qu’il y a à défendre la cause. « Ceux qui jouissent de la liberté religieuse ne doivent pas la considérer comme acquise, » a-t-il déclaré. « Nous devons utiliser la technologie pour amplifier la prise de conscience et soutenir ceux qui sont confrontés à l’oppression. »

Wendell Wilkins, avocat de Kingston, membre de l’Association Nationale pour la Liberté Religieuse en Jamaïque, pose une question lors du Sommet sur la Liberté Religieuse qui a eu lieu le 30 janvier 2025. [Photo : Phillip Castell]

Stacey Mitchell, présidente du Concile pour la Fraternité Interconfessionnelle de la Jamaïque, a fait écho à son sentiment. « Nous ne pouvons pas attendre que la persécution religieuse nous affecte personnellement. Nous devons défendre la cause pour les autres maintenant, en nous assurant que les libertés religieuses mondiales soient protégées, » a-t-elle déclaré.

Pasteur Samuels a conclu en soulignant la nécessité d’un engagement proactif. « La démocratie repose sur des représentants informés qui défendent les libertés, mais sans prise de conscience, ils peuvent involontairement supprimer les droits religieux. La technologie doit être utilisée pour éduquer et protéger les libertés religieuses dans le monde entier, » a-t-il dit.

Lawrie Henry a contribué à cet article.

Traduction: Patrick Luciathe

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