Un suivi par satellite révèle les déplacements entre plusieurs pays des tortues imbriquées.
Le 29 avril 2025 | Loma Linda, Californie, États-Unis | Hillary Angel
Une nouvelle étude publiée par des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université de Loma Linda a révélé que les tortues imbriquées venant d’aussi loin que le Panama et le Costa Rica vont chercher leur nourriture jusqu’à la côte nord-est du Honduras, une région qui semble être très fréquentée non seulement par les tortues imbriquées, mais aussi par les tortues vertes et les caouannes d’un peu partout dans les Caraïbes.
L’étude, menée par Stephen G. Dunbar, Ph. D., professeur de sciences terrestres et biologiques, a utilisé des télémesures satellites pour suivre 15 tortues imbriquées à partir d’une plage du Honduras, de deux plages du Costa Rica et d’une plage du Panama pour suivre leur route migratoire. Les données fournissent des renseignements sur la façon dont les tortues de mer utilisent les régions marines non loin de leurs sites de ponte et aident à identifier les endroits où leurs trajets peuvent croiser des zones de pêche industrielle, zones qui menacent considérablement leur survie.
En suivant les déplacements des tortues imbriquées menacées d’extinction dans les Caraïbes occidentales, l’équipe cherchait de l’information sur les routes migratoires des espèces, sur leurs habitudes de ponte et sur les lieux où elles se nourrissent afin de faciliter leur repopulation.
« Les tortues imbriquées qui pondent le long des côtes caribéennes des pays d’Amérique centrale utilisent le plateau continental peu profond de cette région comme route migratoire de retour vers les lieux où ils vont habituellement se nourrir, a expliqué M. Dunbar. D’après nos découvertes, les tortues pourraient en fait utiliser les courants locaux pour réduire l’énergie qu’elles dépensent pour faire la longue route vers la maison. »
Bien que toutes les tortues de l’étude aient migré vers le nord, plusieurs d’entre elles se sont dirigées vers la même zone d’alimentation vers le Nicaragua. Cela démontre que les tortues imbriquées sont très fidèles pour retourner dans leurs zones d’approvisionnement alimentaire en dépit des longues distances et des forts courants océaniques.
Et même si des études précédentes ont examiné la migration des tortues de mer, les habitudes de migration et de déplacements des tortues imbriquées sont les moins connues. Ces tortues font des centaines de kilomètres entre leur lieu de ponte et leur zone d’approvisionnement en nourriture, modifiant leur direction selon les courants océaniques et se rassemblant dans les mêmes zones d’alimentation, où qu’elles aient pondu durant l’année.
Cette espèce de tortue est connue pour sa carapace colorée et a malheureusement été chassée et ciblée, utilisée pour la fabrication de bijoux et d’articles de décoration. Au cours des 80 dernières années, le nombre de tortues imbriquées dans les Caraïbes a diminué de plus de 90 % et poursuit son déclin dans le monde entier. Malgré les interdictions commerciales internationales et la protection des plages où elles pondent, l’espèce demeure sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
De ce fait, M. Dunbar travaille en recherche et conservation des tortues de mer depuis 2006. Les débuts de ses recherches sur les tortues de mer ont été motivés par sa rencontre avec les propriétaires d’un hôtel local de Roatan, au Honduras, qui s’efforçaient de sauver des tortues imbriquées et des tortues vertes. Cet effort citoyen a évolué pour devenir ProTECTOR inc., un organisme à but non lucratif se concentrant sur la formation, la communication et la recherche.
« Nous avons commencé humblement — en installant des puces, en étudiant et en relâchant les tortues — puis nous nous sommes rendu compte à quel point nous en savions peu sur les tortues du Honduras, a-t-il dit. C’est ce qui a inspiré mon travail. Je ne veux tout simplement pas voir ces créatures disparaître des eaux qu’elles habitent depuis des millénaires. »
Ce type d’étude avec d’autres chercheurs, communautés et biologistes de conservation nous permet de continuer à partager l’océan avec des tortues de mer dans un avenir proche.
Cette étude a été menée en collaboration avec ProTECTOR inc. (Protective Turtle Ecology Center for Training and Outreach Research) et certains coauteurs de l’Université Purdue, de l’Aquarium de Seattle, de la Sea Conservancy, des Biosciences marines de la Trinidad de Moravia, au Costa Rica, et du Leatherback Trust.
Apprenez-en davantage sur le Département des sciences terrestres et biologiques.
La version originale de cet article a été publiée sur le site des actualités de l’Université de Loma Linda.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille