L’Eglise Adventiste lance Breathe Free 2, un nouveau programme pour arrêter de fumer

11 Juillet 2014 – Genève, Suisse, Andrew McChesney/Adventist Review

Imaginez une zone réservée aux fumeurs à l’extérieur de votre église Adventiste.

L’homme assis sur le même banc que vous doit également penser à la zone réservée aux fumeurs parce qu’il vient juste de s’éclipser du bâtiment pendant le sermon du sabbat.

Quelques minutes plus tard, il revient, une forte odeur de tabac encore accrochée à son costume sombre.

Vous lui faites un sourire et vous continuez à écouter le sermon.

Rien d’extraordinaire.

Daniel Handysides présentant Breathe-Free 2 lors de la Conférence Mondiale sur la Santé et le Style de Vie à Genève en Suisse le 8 juillet dernier. Image d’Ansel Oliver/ANN

Ce scénario fait partie de la vision de Breathe-Free 2 (Respirez Librement 2), un tout nouveau plan pour arrêter de fumer, lancé par l’Eglise Adventiste du Septième jour lors de la conférence sur la santé qui s’est tenue à Genève en Suisse. Le programme établit ses espoirs de réussite sur une démarche combinant la recherche scientifique, un site web accessible à tous, et la relation personnelle développée par les participants alors qu’ils prennent part au programme.

Et c’est totalement gratuit.

« C’est gratuit. Ce sera toujours gratuit, » a déclaré Daniel Handysides qui a passé trois années à développer Breathe-Free 2 et qui l’a testé dans les Emirats Arabes Unis.

Le programme prend ses racines dans Breathe-Free, un programme conçu par l’Eglise Adventiste il y a plus de deux décennies, ainsi que dans le Plan de Cinq Jours qui avait été mis en place en 1959.

Mais ce programme utilise une approche totalement nouvelle parce que l’attitude vis à vis du tabagisme a changé dramatiquement au cours des récentes années, a dit Daniel Handysides, professeur dans le domaine de la santé à l’Université de Loma Linda. Contrairement à ce qui se passait au cours des dernières décennies, les fumeurs d’aujourd’hui n’ont pas besoin d’être convaincus de la nocivité du tabac et il ne suffit pas de les effrayer ou de leur faire un discours pour qu’ils abandonnent le tabac, a t-il dit.

« Vous ne trouverez pas un fumeur dans le monde qui ne sait pas que les cigarettes causent le cancer, » a t-il indiqué lors d’une interview vendredi en marge de la conférence de Genève. « Donc notre ancien modèle consistant à sermonner et à faire peur ne fonctionne pas. »

Cela signifie qu’on devait trouver de nouvelles méthodes pour aider les fumeurs, et Breathe-Free 2 met un accent particulier sur les relations personnelles. Bien que le programme comporte une version à réaliser de manière autonome, il encourage les fumeurs à rejoindre un groupe local où ils peuvent recevoir un soutien émotionnel et surtout, se faire de nouveaux amis.
« Si vous fumez et que vos amis fument, cela signifie que vous devez abandonner l’ensemble de votre cercle d’amis, » a dit Daniel Handysides. « C’est une perte énorme. »

Il peut y avoir de nombreuses circonstances qui peuvent pousser un fumeur qui lutte pour arrêter, à allumer une cigarette, mais la présence d’autres fumeurs, surtout si ce sont des amis proches, est une tentation pratiquement irrésistible. Personne ne veut perdre des amis bien entendu, donc Breathe-Free invite les fumeurs à pousser leurs amis à arrêter de fumer et encourage à se faire de nouveaux amis. Parmi les nouveaux amis, il pourrait y avoir l’animateur du programme et d’autres membres du groupe de Breathe-Free 2.

Fumer à l’Extérieur d’une Eglise

Beaucoup de personnes qui arrêtent de fumer n’y parviennent qu’après sept ou dix tentatives, et c’est la raison pour laquelle il est important de créer un lieu où ils peuvent fumer à l’extérieur de l’église, a dit Daniel Handysides.

« Mon objectif est que chacune de nos églises arrivent à avoir une section réservée aux fumeurs à l’extérieur de l’église, » a t-il dit. « Les gens devraient se sentir à l’aise en tant que fumeurs s’ils viennent dans une église Adventiste du Septième jour.

« Nous ne souhaitons pas qu’ils soient des fumeurs, » a t-il dit. « Mais nous devrions les accepter au stade où ils se trouvent, et être prêts à travailler avec eux de telle sorte qu’ils puissent changer et adopter un style de vie plus sain. »

L’église que fréquente Daniel Handysides à l’Université de Loma Linda ne comporte pas de lieu réservé aux fumeurs. Bien entendu le campus tout entier est non-fumeur.

Daniel Handysides a indiqué qu’il comprend que certaines églises pourraient rechigner à l’idée d’avoir des lieux réservés aux fumeurs, et sa proposition, dans un certain sens, était symbolique. « Je suis en train de parler surtout d’un changement d’attitude qui ferait que les fumeurs pourraient venir dans nos églises sans crainte d’être jugés, » a t-il expliqué.

Bien que cela soit rare, il existe des cas où une église Adventiste a créé un lieu réservé aux fumeurs. Par exemple, l’Eglise Adventiste du Septième jour de New Hope à Fulton dans le Maryland, a placé un cendrier près de son entrée principale depuis des années. Un membre d’église a déclaré ne l’avoir jamais vu utilisé depuis son entrée à l’église il y a sept ans de cela, mais les dirigeants de l’église en font allusion dans une bienvenue standard qu’ils souhaitent à ceux qui viennent pour la première fois et qui dit : « Nous ne voulons pas que ceux qui luttent avec l’addiction à la nicotine ne se sentent pas les bienvenus. »

Comment a Débuté Breathe-Free 2

Breathe-Free 2 a débuté lorsque l’Université de Loma Linda a demandé à Daniel Handysides de conduire des classes de Breathe-Free dans les écoles secondaires militaires d’Abu Dhabi, un des Emirats Arabes Unis. L’université a approché Daniel Handysides après avoir reçu une requête pour la tenue de classes, de la part d’une organisation non gouvernementale, la Commission Internationale pour la Prévention de l’Alcoolisme et de la Dépendance à la Drogue.

Daniel Handysides a écrit à la Conférence Générale, le siège de l’Eglise Adventiste mondiale à Silver Spring dans le Maryland, pour des informations concernant la façon d’obtenir le matériel pour le cours. Il a appris que le Conférence Générale était l’unique éditeur et qu’elle imprimait les documents pour le cours sur demande.

En bref, le programme avait pris « un coup de vieux », a expliqué Daniel Handysides.

Ainsi donc, avec la bénédiction de la Conférence Générale, lui ainsi que son épouse Sandra, une infirmière familiale, ont remanié le programme pour en faire Breathe-Free 2, et ont testé les résultats pendant 18 mois à Abu Dhabi.

Daniel Handysides a expliqué que le taux de succès pour Breathe-Free 2 devrait être légèrement supérieur aux 40 pourcent en moyenne, atteints par ses prédécesseurs. Aucune initiative visant à aider les fumeurs à arrêter le tabac n’a un taux qui dépasse les 50 pourcent, a t-il dit.

Breathe-Free 2 ne vise que les fumeurs qui ont un vrai désir d’arrêter parce que ce sont eux qui ont les meilleures chances de réussir, a dit Daniel Handysides.

« Nous voulons des personnes qui sont déjà dans la phase d’action, » a t-il dit.

Une partie de l’avantage du nouveau programme est que tous les documents sont disponibles en ligne sur le site breathefree2.com. De plus, tout le monde peut les télécharger, les traduire, et les remettre sur le site pour que d’autres personnes les utilisent.

Le programme n’est pour l’instant disponible qu’en anglais, mais une traduction espagnole devrait sortir au mois d’aout. Des discussions sont en cours pour obtenir des traductions en russe, polonais et finnois.

Parmi les documents disponibles sur le site web de Breathe-Free 2, se trouve une carte indiquant les sites et les coordonnées des 34 premiers animateurs du programme ainsi que des vidéos visant à encourager les discussions de groupes et l’établissement de nouvelles relations amicales. Les vidéos ne sont qu’en anglais, mais on peut télécharger les scripts pour permettre aux groupes non anglophones de les mettre en scène ou de les utiliser de manières différentes, a dit Daniel Handysides.

Il faut de huit jours pour achever la première phase du programme, cette dernière est suivie d’une série de rencontres au cours des jours, semaines et mois suivants.

« Ce qui est important c’est d’établir des relations solides qui vont se poursuivre pendant le temps qui sera nécessaire pour arrêter de fumer, » a dit Daniel Handysides.

Traduction: Patrick Luciathe