30 juin 2015/ Silver Spring, Maryland, États-Unis/ Todd McFarland, conseiller général adjoint de la Conférence Générale et Orlan Johnson, directeur du département des affaires publiques et de la liberté religieuse, Division Nord-Américaine
La décision de la cour suprême des États-Unis qui donne un droit constitutionnel au mariage de personnes de même sexe soulève beaucoup de questions pour l’église.
Cette décision prise le 26 juin 2015 dans l’affaire Obergefell contre Hodges a été accueillie par beaucoup de membres de l’église Adventistes du Septième Jour avec appréhension. En particulier, beaucoup de membres d’église se demandent quel impact s’il y en a, cette décision aura sur la capacité de l’église à conduire la mission compatible avec des principes bibliques.
La décision de la cour suprême a peu de chance d’avoir un impact direct immédiat sur l’église. Plutôt, on se demande quels effets collatéraux finiront par apparaître en ayant une structure légale apportant une différente définition du mariage que ce qu’affirme l’église. De plus, et peut-être plus important encore, cette décision impactera déjà sur les attitudes sociétales et de ce fait demandera que l’église trouve un moyen pour agir dans une société qui a changée.
Tandis qu’il est important pour nous d’être vigilants à propos de ce problème et que quelques préoccupations sont justifiées, nous ne devons pas voir cette décision ou même ce problème dans son intégralité avec une inquiétude disproportionnée. Ce n’est guère la première fois que la société, a dévié de l’idéal de Dieu. Nous sommes appelés à être le sel et la lumière du monde et à propager l’évangile. Une attention excessive à cela ou à n’importe quel problème qui nous distrait de cette mission, est aussi nuisible que n’importe quelle loi ou décision de justice. Dieu nous a demandé de faire Son travail ; Il ne va pas nous donner une société dans laquelle nous ne pouvons pas le faire.
En tant qu’Adventistes du Septième Jour, nous devrions être particulièrement équipés pour faire face à n’importe quel défi auquel cette affaire peut mener. Alors qu’il a été facile d’oublier dans l’Amérique moderne, en tant que « peuple spécial » de Dieu, que jusqu’ici nous vivons dans une société dont nous ne faisons pas entièrement partie depuis le début de notre histoire. Dans tout, de l’observation du Sabbat, notre régime alimentaire à notre abstinence d’alcool, nous nous sommes éloignés, de la société en général, en suivant notre propre voie. Néanmoins, à travers tout cela nous avons trouvé un moyen pour continuer notre mission de propager l’évangile, alors que nous faisons encore partie d’un monde pécheur.
Nous faisons face cependant à certains défis spécifiques à cause de ce changement dans la société avec lequel nous devons apprendre à composer. Il est aussi important de comprendre d’où le conflit potentiel entre les croyances de l’église et les lois du gouvernement, viendra et d’où il ne viendra pas. Le conflit vraisemblablement ne viendra pas des pasteurs adventistes à qui on demande de célébrer des mariages homosexuels. On ne demandera pas aux églises adventistes de permettre la célébration du mariage d’un couple que l’église pense ne pas avoir le droit de se marier selon les principes bibliques. Les protections du Premier Amendement sont si fortes que n’importe quelle loi qui essaierait d’imposer de telles demandes serait démolie par n’importe quel juge fédéral du pays.
En fait, évoquer ces quelques faits horribles : des pasteurs jetés en prison pour avoir prêché l’évangile ou des églises obligées de fermer pour ne pas avoir célébrer des mariages de couples du même sexe sont non seulement pas factuels mais contre productifs. Des allégations mal renseignées et alarmistes ont permis à ceux qui prônent le mariage de personnes du même sexe d’avancer des arguments fallacieux qui peuvent être facilement démolis puis de revendiquer que tous les problèmes de liberté religieuse sont résolus. Une allégation non justifiée de persécution religieuse ou d’atteinte à la liberté religieuse ne fait pas avancer la cause.
Le conflit a peu de chance d’être de se trouver dans l’église ou avec le pasteur. Les premiers défis seront avec les ministères liés à l’église. Nos écoles, hôpitaux programmes de service communautaire, les agences d’aide et de secours et quelque soit le lieu où l’église rentre en contact avec la société au sens large sont des endroits où les lois du gouvernement et les croyances de l’église vont se heurter en premier. Si des non-adventistes sont embauchés, si les services sont donnés par des personnes qui ne sont pas membres ou si l’argent du gouvernement est engagé (y compris sous la forme d’une exemption de taxes), l’église sera à des degrés de risque différents.
Comment et où exactement l’église et ses membres expérimenteront la pression judiciaire est incertain. N’importe qui se réclamant de savoir où la ligne entre la liberté religieuse et les droits des gays et des lesbiennes finira, revendique soit de l’esprit de prophétie ou délire. De plus, aux États-Unis, différentes parties du pays feront face à différents problèmes. Le Mississipi n’est pas la Californie et alors qu’il y aura des problèmes sur le plan fédéral, la grande partie de ce débat évoluera autour d’ordonnances d’état et même de ville locale.
Le problème de la liberté religieuse a surgi tant d’argument oral et de décision judiciaire. C’était le sujet du mémoire d’amicus curiae déposé dans l’affaire qui a été citée dans un esprit contestataire. Le juge Anthony Kennedy dans son jugement a rassuré en disant que le Premier Amendement donne « une protection adéquate » à ceux qui ne sont pas d’accord avec la décision du tribunal. Mais on ignore ce qui constitue exactement la protection adéquate, tout comme la plupart des autres problèmes dans cette arène,
La description de Kennedy de ces protections était moins que rassurant. Il a écrit que les individus seraient capables « de continuer la structure familiale qu’ils ont longtemps révéré. » Bien qu’il soit rassurant de savoir que personne ne sera forcé de se marier avec quelqu’un du même sexe, cela était difficilement un danger. Plus important encore, il a dit aussi que les croyants seraient capables « d’enseigner les principes qui sont si gratifiants et si centraux à leurs vies et leurs croyances. »
Ce qui manquait à la décision, alors que le juge John Roberts marquait son désaccord, c’était une quelconque assurance d’être en fait capable de pratiquer cette foi. Ce n’est pas par hasard que le jugement parlait seulement d’enseignement et non d’exercer sa religion. La Cour Suprême a longtemps avancé qu’on est libre de croire ce qu’on veut. Mais comme il est dit dans l’affaire États-Unis contre Reynolds quand ils ont confirmé une interdiction sur la polygamie, on n’est pas toujours libre de pratiquer cette croyance.
Dans une affaire plus récente, la cour a déclaré que l’IRS pourrait révoquer le statut de non imposable de l’école religieuse appelé « Bob Jones University », parce que sa politique de ne pas permettre des rendez-vous interraciaux violait la politique publique. Quand on a demandé au gouvernement si les considérations de la même politique publique seraient étendues à la discrimination sur l’orientation sexuelle, l’avocat du gouvernement a signalé que c’était possible.
Une grande partie de la manière dont le conflit des droits entre les droits religieux et les droits des gays et les lesbiennes se développe, dépendra de l’aptitude à défendre l’argument que les droits religieux sont basés sur plus qu’une animosité perçue envers les gays et les lesbiennes et que les intérêts des gays et des lesbiennes seront encore protégés. L’ère où l’on demandait simplement la liberté religieuse et attendait que la législation ou le tribunal l’accepte est révolue.
En tant qu’adventistes nous devons reconnaître que le gouvernement a le droit de prendre les décisions qu’il pense être les meilleurs choix pour ses citoyens, même quand ces décisions sont en conflit avec notre point de vue biblique ancrée. Ce que nous pouvons demander au gouvernement, cependant, c’est de prendre en compte l’intérêt de tous ses citoyens y compris ceux qui pensent que le mariage est exclusivement une relation entre un homme et une femme.
Le défi de s’adapter aux besoins des groupes théologiquement et moralement divergents est un défi que les adventistes du Septième Jour devraient être uniquement qualifié à diriger. Depuis notre création, nous avons maintenu nos croyances uniques parmi les autres dénominations chrétiennes. Que ce soit l’observation du samedi au lieu du dimanche en tant que sabbat, le fait de ne pas consommer d’alcool ou de tabac ou même notre choix de divertissements, nous avons depuis longtemps trouvé un moyen de nous tailler un espace pour vivre et accomplir la mission dans des sociétés pas du tout accueillantes. Ce défi est un peu différent mais c’est un défi que nous sommes capables de relever.
Les problèmes légaux soulevés par la Cour Suprême ne sont pas les seules préoccupations que crée le mariage de personne du même sexe et potentiellement pas la plus grande. Le changement rapide dans les attitudes concernant les gays et les lesbiennes a surpris les gens, des deux côtés de la question. Aucun autre problème n’a créé un changement rapide si bouleversant dans l’histoire américaine. Le changement rapide dans l’opinion publique a laissé l’église dans une position de défi pour ce qui est de l’évangélisation des personnes gays et lesbiennes tout en maintenant nos enseignements bibliques sur le mariage et la sexualité humaine.
Les chrétiens en général et les chrétiens conservateurs, en particulier, n’ont pas toujours eu cet équilibre. À juste titre ou pas, beaucoup de gays, de lesbiennes et beaucoup de personnes dans la société en sont venus à voir les chrétiens et les croyants comme l’ennemi quand ils y pensent. Ceci est une vision dangereuse pour permettre la contestation légale et sociétale.
La loi n’est pas formée dans un aspirateur. Ceux qui la font et l’interprète sont influencés par la société et son point de vue. Si ceux qui ne reconnaissent pas le mariage de personnes du même sexe sont vus comme des fanatiques ou motivés par la discrimination, la loi ne fournira simplement aucune protection significative. Bien que ce ne soit pas explicitement dit dans le jugement, il y a peu de doute qu’une des raisons significatives pour laquelle l’université Bob Jones a perdu son affaire était parce qu’il était vu par plusieurs comme étant raciste et fanatique et pas simplement essayant de suivre sa compréhension de la Bible.
Ceux qui s’accrochent à une vue du mariage comme étant seulement entre un homme et une femme ne peuvent pas se permettre d’être mis dans la catégorie de fanatiques. Si les chrétiens sont perçus comme des bigots, on peut s’attendre au niveau le plus minimaliste de la protection légale et d’aucune sympathie de la société. Nous serons à peine tolérés.
Ce problème de la Cour Suprême caractérisant éventuellement notre croyance comme étant fanatique, quelque chose que la cour n’a explicitement pas fait, était l’une des raisons principale pour laquelle l’église adventiste a déposé le mémoire qu’il a fait dans cette affaire. Malgré le discours de Kennedy sur les croyances religieuses « décentes et honorables », il y a une véritable menace de la société qui applique cette caractéristique.
Si la position biblique de l’église sur le mariage et la sexualité humaine est qualifiée par la société de fanatique et détestable, les menaces ne sont simplement pas sa stratégie judiciaire. Une telle caractéristique ferait interférence avec, sinon détruirait en fait notre capacité à témoigner aux gays, aux lesbiennes et à la société dans son ensemble. N’importe quelle église qui est reconnue comme étant fanatique aura des difficultés à être entendue, voire à convaincre qui que ce soit d’accepter le message.
Ce problème n’en n’est pas un qui peut être réglé par les avocats. Il doit être adressé à tous les membres d’église. La position de l’église adventiste sur la sexualité humaine et la façon de faire le lien entre les gays et les lesbiennes est à la fois équilibré et fermement ancré dans les Écritures. Consacrés à la vérité biblique que les relations sexuelles devraient être limitées aux mariages monogames hétérosexuels, l’église lance aussi l’appel pour traiter tout le monde avec amour et compassion comme le Christ. Cela clarifie plus que personne ne doit être singularisé par mépris, dérision ou abus.
Comme le ministère de Christ sur terre l’a démontré, pour atteindre les gens nous devons d’abord les faire se sentir aimés et respectés. Ce n’est pas suffisant de dire simplement que nous aimons quelqu’un ou un groupe quelconque ; nous devons le démontrer. Les congrégations, y compris celles des Adventistes, n’ont pas toujours été la meilleure image de l’amour de Christ aux frères et soeurs gays et lesbiennes. Les discours et les actes ont parfois été inutilement durs et critiques. Nous avons aussi manqué des opportunités d’évangéliser aux individus attirés par le même sexe.
Quand la crise du VIH et du SIDA a frappé les États-Unis dans les années 1980, ceux qui étaient affligés par ce qui à l’époque était une maladie fatale et horrible, se sont retrouvés coupés de la société de la plupart des systèmes d’aides traditionnelles. Les hommes homosexuels qui étaient affectés majoritairement par la maladie dans ses premières années étaient souvent aliénés de leurs familles où n’importe laquelle des sources d’aides habituelles. Les hommes homosexuels ont finalement créé plein d’organisations de service sociale pour répondre à ces besoins, mais cela a pris du temps et beaucoup d’hommes sont morts seuls et sans personne avant que cela n’arrive.
Dans les histoires des évangiles, sur le rencontre de Jésus avec les lépreux, les chrétiens ont un exemple puissant de comment Christ était lié aux gens souffrant d’une maladie fatale avec un ostracisme social important qui croyait essentiellement que c’était le résultat d’un péché personnel. Alors que plusieurs individus chrétiens et quelques congrégations ont fait un effort concerté pour évangéliser ceux qui mourraient du SIDA, ce n’était pas la réponse habituelle. Si la réponse de la communauté chrétienne avait été de remplir ce gouffre, le témoignage aurait été inimaginable. Si les églises locales avaient apporté des repas à ceux qui mouraient à la maison, les avaient aidé à prendre leur bain ou avait tenu leur main lorsqu’ils mourraient de mort terrible en nombre inimaginable. L’Église Adventiste et plusieurs autres groupes chrétiens ont aujourd’hui des ministères effectifs et robustes consacrés au VIH, mais nous avons raté une opportunité en ne le faisant pas plus tôt.
Notre défi aujourd’hui est de trouver un moyen de non seulement obtenir les exemptions légales et de logements dont nous avons besoin afin de poursuivre notre ministère et maintenir notre croyance biblique, mais pour vraiment évangéliser à un groupe de personnes en compagnie desquelles nous n’avons habituellement pas été à l’aise. Il n’y a pas d’histoire biblique dans laquelle Christ n’était pas contact avec n’importe quelle catégorie de pécheurs. En tant qu’adventistes nous devons mettre nos mots d’amour et de compassion pour tous, en action, de façon à ce que les gens ressentent de amour et compassion. Ceci ne nécessite pas plus que nous compromettions nos croyances que Christ a compromis les siennes durant Son ministère. Mais cela nécessitera de nombreuses remises en question et des efforts, dans un climat de prière. Puissions-nous ainsi nous tourner, ainsi que les autres vers Christ qui peut fournir une restauration complète à Son image, ce qui est le but de la mission et du ministère salvateur de Christ qui s’ajoute à Son retour prochain quand toutes les choses seront recréer.
Traduction : Carole et Charles SAINT-LOUIS