3 Mai 2016 – Washington D.C., Etats Unis – Bettina Krause, directrice de la communication, Association Internationale pour la Liberté Religieuse
La situation de la liberté religieuse dans le monde s’est détériorée au cours des 12 derniers mois, d’après un rapport publié le 1er mai par un corps consultatif indépendant des Etats Unis. Le rapport de 270 pages, compilé par la Commission Américaine sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) documente les abus constants relevés dans 33 pays et régions, mais met cette année l’accent en particulier sur le sort des prisonniers de conscience et le nombre croissant de réfugiés fuyant la persécution religieuse.
Parmi ceux qui ont fui la persécution religieuse l’année dernière, d’après ce qu’indique le rapport, on trouve des milliers de Musulmans Rohingya en Birmanie, environ un demi million d’Erythréens qui fuient le régime répressif de leur pays, et des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, Chrétiens et Musulmans, qui ont été déplacés à cause de la violence qui a cours en Syrie et en Irak.
Le rapport cite aussi des dizaines d’exemples d’emprisonnements effectués pour raisons religieuses au cours des 12 derniers mois, parmi lesquels celui d’un poète et artiste en Arabie Saoudite qui a été condamné à mort après avoir été accusé d’avoir propagé l’athéisme. Sa condamnation a plus tard été commuée en châtiment de 800 coups de fouet et de huit ans de prison. Parmi les maltraitances continuelles perpétrées par l’état en Chine et documentées dans le rapport, se trouvent celles que subissent un pasteur et son épouse qui servent une peine de 12 ans de prison pour s’être opposés à une campagne menée par le gouvernement et visant à enlever les croix des toitures des églises.
Dr Ganoune Diop, le directeur du département des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse (PARL) pour l’Eglise Adventiste du Septième Jour, dit à propos de l’accent mis par le rapport sur les prisonniers de conscience que c’est « une confirmation troublante de tendances mondiales de longue date. »
« En réalité cependant, il n’y a aucun moyen de vérifier l’ampleur de cette tragédie, » a déclaré Dr Diop. « Beaucoup de cas ne deviennent jamais publics, et un nombre inconnu d’hommes et de femmes à travers le monde subissent des emprisonnements ou pire sous des lois qui imposent une vision religieuse en particulier. »
Ganoune Diop mentionne par exemple le cas de Sajjad Masih, un membre de l’Eglise Adventiste au Pakistan âgé de 32 ans, condamné à la prison à vie en 2013 après avoir été injustement accusé de diffamation à l’égard du Prophète Mahomet d’après les lois controversées sur le blasphème en vigueur dans le pays.
« Les lois qui oppriment les minorités religieuses en faveur d’une religion majoritaire non seulement sont en contradiction avec le droit international et les normes des droits de l’homme, mais elles altèrent la nature même de la foi, » a dit Ganoune Diop. « L’Eglise Adventiste croit que la liberté de conscience est la base de la véritable foi. Et c’est une liberté qui est ancrée dans la dignité intrinsèque de tout être humain – un don inaliénable de notre créateur. »
Dwayne Leslie, directeur adjoint du département PARL, a indiqué que l’Eglise Adventiste continue de défendre l’idée d’une plus grande prise de conscience des persécutions qui ont cours dans le domaine de la liberté religieuse, et la nécessité de l’intervention des gouvernements. Ce mois-ci, l’église sera en partenariat avec le Centre pour la Liberté Religieuse de l’Institut Newseum au centre ville de Washington D.C. afin de tenir un Sommet sur la Liberté Religieuse Internationale. » Dwayne Leslie, qui organise le programme, dit que ce sommet réunira des responsables publics, des défenseurs de la liberté religieuse et des journalistes afin de considérer les défis actuels posés à la liberté religieuse à travers le monde et explorer des façons de collaborer sur des objectifs communs.
Parmi les intervenants au sommet, on retrouve l’ancien Représentant Frank Wolf qui a été un ardent défenseur de la législation en faveur de la liberté religieuse internationale pendant toute sa carrière au congrès ; Knox Thames, Conseiller Spécial pour les Minorités Religieuse au Proche Orient et en Asie du Sud et du Centre au Département d’Etat américain, et l’Honorable Erastus J.O. Mwencha, vice-président de l’Union Africaine. Parmi les journalistes qui interviendront on trouve E.J. Dionne, commentateur politique connu nationalement et éditorialiste d’opinion pour le Washington Post, et Lyn Sweet, chef du Bureau de Washington D.C. pour le Chicago Sun-Times.
D’après Nelu Burcea, le directeur adjoint de PARL qui représente l’église au Nations Unies à New York et à Genève, le rapport de l’USCIRF est un « puissant rappel que l’église et tous ceux qui défendent la liberté religieuse doivent continuer de présenter ces abus à la communauté internationale. » Bien qu’il soit important pour les gouvernements individuels, comme les Etats Unis, de prendre des mesures unilatérales pour soutenir la liberté religieuse internationale, a dit Nelu Burcea, pour réaliser de vrais progrès, il faut d’un effort concerté au niveau international pour mettre la pression sur les pays qui ne se conforment pas afin qu’ils remplissent leurs obligations selon le droit international.
Le rapport complet du USCIRF peut être consulté ici. La Commission est une agence du gouvernement fédéral mise en place il y a 18 ans pour conseiller l’Exécutif américain et le Congrès sur la meilleure manière de promouvoir la liberté religieuse au niveau international.
Traduction: Patrick Luciathe