Réflexion sur les sessions actuelles et passées de la Conférence Générale

12 Juin 2022 | Saint-Louis, Missouri, États-Unis | Shawn Boonstra

Israel Leito se distingue par le fait qu’il est le président de division qui a servi le plus longtemps dans l’histoire de l’Église adventiste du septième jour, ayant été président pendant plus de 24 ans. Au cours de son mandat, le nombre de membres dans la division est passé d’environ 1,5 million à près de quatre millions. Shawn Boonstra s’est assis avec pasteur Leito pendant la Session de la Conférence Générale à St. Louis alors qu’il évoquait l’évangélisation et les Sessions passées de la Conférence Générale.

Shawn Boonstra : Je comprends que vous avez une distinction : celle d’avoir été président de division plus longtemps que n’importe qui d’autre. Vous avez été président de la DIA pendant…

Israel Leito : … un peu plus de 24 ans.

SB: Parlez-moi de votre expérience dans cette division. Pendant votre mandature là-bas, vous avez connu une véritable croissance dans l’église.

IL: Le Seigneur a béni l’église…. L’élan et l’esprit d’évangélisation en Inter Amérique ne sont pas venus avec mon époque. Nous ne faisions que récolter ce que Bender Archbold – deux présidences avant moi – avait fait. Bender Archbold saluait toujours les gens avec la paume de sa main. Nous étions moins de 300000 membres lorsqu’il est devenu président, et il était déterminé par la grâce de Dieu à atteindre un demi-million de membres – et il a presque doublé le nombre de membres au cours de son ministère. Ce qu’il a fait a vraiment galvanisé la division quant à la perspective et aux retombées de l’évangélisation. Nous tous qui sommes venus après lui ? Nous avons simplement été bénis par ce qu’il avait fait pour inspirer la division pour l’évangélisation. Tout ce qui s’est passé pendant notre mandature n’était pas juste notre œuvre ; nous avons simplement continué ce qu’il avait commencé. Je reconnais son rôle clé dans tout ce qui s’est produit.

SB: J’entends certains Nord-Américains dire, lorsqu’ils entendent parler de la croissance dans la DIA, : « Ça doit être bien. C’est vraiment facile là-bas. »

IL: Ce n’est pas le cas. Ce n’est absolument pas facile de gagner des âmes en Inter Amérique. Il vous faut travailler dur. Cependant, il y a quelques situations qui pourraient faciliter [l’évangélisation]. Nos pays — la population de l’Inter Amérique — nous sommes encore en train de trouver nos repères ; nous essayons encore de devenir l’Amérique du Nord ou l’Europe. Et c’est ce qui pousse les gens à toujours rechercher quelque chose. Ce n’est pas comme le Premier Monde, où les gens sont installés et disent : « Je n’ai besoin de rien d’autre. » Ils disent toujours : « Nous pouvons améliorer ceci, nous pouvons améliorer cela ! Et cela ouvre la voie pour que nous puissions les approcher ainsi : Voici la meilleure voie pour vous, suivre Jésus.

SB: Quel est le secret de la croissance ? Parfois, il semble y avoir une perception dans certains endroits selon laquelle l’œuvre sera achevée par une poignée d’évangélistes vedettes. J’ai toujours pensé que c’était la raison pour laquelle l’œuvre avançait si lentement [à certains endroits]. Dites-moi : quelle est l’approche qui amène la croissance ?

IL: Merci beaucoup d’avoir soulevé cette question ! Quand je suis devenu président, nous avions trois évangélistes à plein temps : un pour l’espagnol, un pour l’anglais, un pour le français. À plein temps; c’est tout ce qu’ils faisaient. La première chose que nous avons faite a été une étude approfondie — la planification stratégique. Nous avons convenu qu’avoir des évangélistes c’est bien, mais que nous avons besoin que l’église participe à l’action. Et donc la première chose que nous avons faite ? Nous avons « licencié » les évangélistes – nous les avons réaffectés.

La 61ème Session de la Conférence Générale de l’Église adventiste du septième jour, à l’Americas Center Convention Complex, à St Louis, dans le Missouri, aux États-Unis, du 6 au 11 juin 2022. [Photo de Josef Kissinger]

SB: Ça ne me pose aucun problème. En tant qu’évangéliste, je vous félicite pour cette décision.

IL: Nous avons insisté : nous avons besoin que l’église fasse de l’évangélisation, et non pas l’évangéliste « star ». Cela a été une grande bénédiction, car tout le monde s’est rendu compte que : « C’est ma responsabilité — mon privilège ! Je ne peux pas inviter des évangélistes à venir le faire pour moi ; Je dois le faire moi-même ! » Et cela a été une grande bénédiction.

SB: Vous avez participé à de nombreuses Sessions de la Conférence Générale. Quand avez-vous commencé à y aller ?

IL: [En] 1975. Je suis allé à ma première Session de la Conférence Générale à Vienne ; c’était la première fois que la Conférence Générale organisait une session en dehors des États-Unis, et j’ai eu le privilège d’être délégué à cette session.

SB: Quelle impression vous a fait cette session ?

IL: Vous pouvez imaginer que je n’étais pas assis dans des réunions tout le temps. La première impression que j’ai eue a été de voir l’église à l’œuvre – de voir comment elle fonctionne – de voir comment nous faisons les choses et comment nous sommes ensemble en tant qu’église. L’église n’était pas aussi diversifiée qu’elle l’est aujourd’hui, même si elle était présente partout dans le monde. Les choses étaient plus faciles à l’époque que maintenant. Aujourd’hui, nous sommes vraiment diversifiés et nous devons vraiment choisir nos actions avec soin pour promouvoir l’unité et non faciliter la division. Je le dis très prudemment. Nous pouvons avoir de bonnes intentions en voulant certaines choses, mais les résultats… en tant qu’église, nous resterons toujours ensemble, absolument. Mais alors, si vous regardez cette session – et j’assiste aux sessions depuis 1975, et j’ai vu, maintes et maintes fois – l’acrimonie devient de plus en plus forte.

SB: Pensez-vous que ce soit le produit d’une friction culturelle ?

IL: Je ne sais pas si c’est une friction culturelle. Je crois que le principal problème auquel nous sommes confrontés est l’herméneutique, la façon dont nous interprétons la Bible. Vous voyez la grande discussion qu’il y a maintenant sur l’Esprit de Prophétie et la Bible – ce genre de choses qui créent, ou renforcement, ces petites choses qui nous séparent davantage. Mais vous savez, la beauté dans tout cela c’est qu’après cette rencontre, on s’écrit, on s’appelle… nous sommes un. C’est juste que lorsque nous sommes ensemble, nous avons ce « problème. »

SB: Cette session de la Conférence Générale est un peu différente de beaucoup d’autres. Quelles sont vos impressions sur la session de Saint Louis en 2022 ?

IL: : Il est très compacte. Elle ne ressemble à aucune autre session que nous avons eue. Nous avons eu des sessions [dans le passé] où pendant la journée, nous avions des discussions animées, et pendant la soirée, nous célébrions. Et maintenant ce sont des journées et des soirées de discussions houleuses.

SB: Et pourtant je trouve que les débats ne sont pas aussi passionnés que pendant certaines années.

IL: Les débats dans l’auditoire, ils ne sont peut-être pas aussi passionnés. L’une des sessions les plus acrimonieuses auxquelles j’ai assisté a eu lieu à Dallas. C’est à cette époque que la Conférence Générale a décidé d’écrire ses propres règles de fonctionnement. C’est devenu le problème principal.

SB: Je n’étais pas là. Ils utilisaient les procédures parlementaires de Robert ?

IL: Eh bien, non. Ils utilisaient les procédures de Robert, ils utilisaient les règles canadiennes, ils utilisaient les règles européennes… tout le monde se levait, [indiquait ses propres procédures] et disait : « Écoutez ! C’est ce qui est dit! » Et puis quelqu’un d’autre faisait référence à ses propres règles et disait : « Non ! Voilà ce qui est dit » … à ce moment-là — je m’en souviens très bien — la décision a été prise d’écrire nos propres règles de fonctionnement.

SB: Pensez-vous, selon ce que vous avez observé depuis, que c’était une décision utile ?

IL: Absolument. Cela a unifié l’église dans le sens où lorsque nous nous réunissons, ceux d’entre nous qui au moins lisent le livret, savent comment faire les choses. Nous sommes libres [à d’autres niveaux de l’église] de décider si nous voulons l’utiliser. Nous sommes encore libres ; cela ne nous est pas imposé. Dans la Division Inter Américaine, nous avons décidé que si l’Église adventiste mondiale l’utilisait, c’est ce que nous allons également utiliser. Donc, cela a au moins enlevé cet élément où nous nous disputons au sujet de petites règles.

SB: Une des nouveautés des dernières Sessions est le fait que les réunions sont diffusées en direct sur Internet. Lorsque je me suis joint à l’église, je devais attendre que quelqu’un me donne une cassette VHS pour savoir ce qui se passait à Utrecht. Avec la diffusion en direct, il y a potentiellement beaucoup plus de membres d’église qui regardent, et je sais que certains d’entre eux pensent : « Ça fait vraiment beaucoup de choses administratives sans vie. » Quelle serait votre réponse à ces personnes ? Que devraient-ils chercher à voir ?

IL: Ils devraient d’abord observer – attentivement – que notre église n’est pas une dictature. Nous sommes libres de parler. Les gens n’ont pas peur de donner leur avis lorsqu’ils sont ici ensemble. Et c’est ainsi que l’église devrait également fonctionner au niveau de l’église locale. Le membre à la fédération et à l’union ? Ils devraient avoir cette ouverture leur permettant d’avoir un débat vigoureux tout en restant amis – parce que c’est ainsi que fonctionne notre église. Je crois que c’est très utile. Si [les gens] pouvaient comprendre cela et ne pas voir une discussion comme synonyme d’animosité – d’ennemis – c’est juste une différence d’opinion, et nous continuons d’être frères et sœurs.

SB: Vous aimez la croissance de l’église et l’évangélisation. Selon vous, comment ce qui se passe ici dans l’assemblée influence-t-il ce qui se passe sur le terrain ? Pourquoi est-ce important pour le membre d’église qui travaille sur le terrain ?

IL: C’est vraiment important que les gens assis sur les bancs de l’église ou assis sous un arbre puissent dire : « C’est l’église que j’aime ! Quoi que nous fassions ici, cela doit projeter cet amour pour l’église – et quand je dis église, je ne veux pas dire le bâtiment de la Conférence Générale, ou le bâtiment de la DIA, ou le bâtiment de l’EUD – non, je veux dire l’église. Du bas vers le haut ou du haut vers le bas… et je déteste dire « du haut vers le bas, » parce que c’est toujours du bas vers le haut, parce que c’est là que se trouve le pouvoir. Si cela peut inspirer les membres, pas seulement de dire : « Je suis vraiment heureux de ce qui se passe en Inter Amérique, la troisième plus grande division du monde, » mais de dire : « Je suis vraiment heureux de ce qui se passe en Afrique du Sud » et ailleurs, c’est important. Cela apporte le sentiment de bien-être, de réussite commune en tant qu’église. Pour moi ? C’est la chose principale, et si cela peut avoir cette conséquence, cela renforce ma croyance spirituelle. Cela renforce ma croyance dans la Bible, dans l’Esprit de Prophétie. Et je dis : « OK, donc je ne suis pas juste ma propre petite chose ici dans un coin. Nous sommes une seule église. C’est vraiment important.

SB: Je partage cet avis ! Merci beaucoup de m’avoir accordé un peu de votre temps.

IL: Tout le plaisir est pour moi.

 

Traduction: Patrick Luciathe

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