14 Janvier 2021 | Loma Linda, Californie, États-Unis | Carlos Fayard, PhD, pour le Pôle Informations de la Division Inter Américaine

La 1ère partie de cet article a été publiée le 14 janvier 2021 sur ce lien ICI  Ci-dessous, la suite de cet article.

L’Organisation Mondiale de la Santé (1) recommande des stratégies clés qu’il peut être utile de prendre en compte lorsque nous, en tant qu’église, essayons de communiquer avec nos propres membres et les communautés. Par exemple, les pasteurs et les autres dirigeants peuvent inclure certaines de ces informations dans leurs sermons et leurs webinaires.

  1. Comprendre les gens : j’ai tendance à être indigné par ceux qui ne portent pas de masque en public, par exemple. Bien sûr, cela ne sert à rien de ressentir cela et en fait, vous avez peut-être vu comment cela peut conduire à des altercations. Ces personnes croient vraiment que leur conduite est appropriée. Si nous voulons faire des progrès sur ce point, nous devons identifier les obstacles qui influencent la capacité ou la volonté des gens à s’engager dans des comportements qui réduisent les risques. Par exemple, un puissant moteur favorisant ces comportements là où je vis est lié à des croyances infondées selon lesquelles le virus est un « faux » et est un moyen de « contrôler » les gens. Maintenant, l’arrivée du vaccin est « une façon de manipuler » votre code génétique. Avoir du mépris pour la désinformation n’aide pas. Vous pouvez trouver un moyen de transmettre des informations factuelles qui peuvent répondre à ces croyances avec tact et directement.

 

  1. Impliquer les gens dans le cadre de la solution : Établir des priorités et mettre en avant le nombre de personnes qui sont sensibilisées et qui mettent en pratique les comportements favorisant la protection, au lieu de mettre l’accent principalement ou exclusivement sur ceux qui ne le font pas. En déplaçant l’emphase de cette manière, vous pouvez contribuer à générer un sentiment d’efficacité personnelle. Un sentiment selon lequel « ce que vous faites fait une différence. »

 

  1. Reconnaitre et réagir aux difficultés que vivent les gens: On sait bien, et c’est documenté, que les restrictions et les mesures intrusives amenées par la pandémie ont eu un impact négatif sur la santé émotionnelle de nombreuses personnes. Des études indiquent qu’une bonne partie de la population considère la perte d’un emploi ou d’un revenu comme étant une menace plus importante et plus immédiate que le virus lui-même. « Dans de telles circonstances, ce n’est pas peu demander, que de requérir un soutien continu de la population » (p. 19). Si vous prêchez, enseignez ou présentez un webinaire, prenez en compte les éléments suivants :
  • Reconnaissez les difficultés auxquelles les gens sont confrontés ou qu’ils craignent, telles que la solitude ou la perte de revenus. L’empathie, l’espoir et la compréhension plutôt que la punition, la honte et le blâme sont plus susceptibles d’ouvrir les esprits et les cœurs.
  • Mettez en lumière les façons dont les gens peuvent maintenir le plus possible leur mode de vie, tout en tenant compte du risque épidémiologique.
  • Créez des opportunités pour que les gens se sentent connectés et, si possible, productifs. Une des églises que je suis sur Facebook propose un éventail de services des plus créatifs retransmis en direct, des cultes d’adoration pour les enfants à la prière, en passant par les réunions régulières de l’église. Un pasteur qui sert dans une zone durement touchée m’a dit il y a quelques jours qu’il envisage d’organiser régulièrement des rencontres pour des « conversations ouvertes » afin de faciliter des liens constructifs.
  • Évitez une dichotomie opposant l’économie à la santé.

 

  1. Une approche de réduction des méfaits C’est un terme que les psychologues utilisent pour reconnaître que les comportements négatifs peuvent ne pas être complètement arrêtés, mais que la réduction des effets néfastes est plus facilement atteignable. Placer les gens face à une approche « tout ou rien » est clairement contre-productif. Au début de la pandémie, nous sommes allés faire des promenades dans les montagnes autour de notre région. L’état de Californie avait décidé de fermer tous les parcs et les espaces de loisirs. Le résultat net a été que des foules de gens se sont rassemblées dans des zones qui n’étaient pas conçues pour accueillir ce nombre de personnes ou ces activités. Mettre en évidence ce qui peut être fait en toute sécurité, sera plus utile que de simplement continuer à répéter ce que nous ne devrions pas faire, même si ce qui est répété, c’est la liste des comportements favorisant la protection.

Passons maintenant à ce que vous pouvez considérer en tant qu’individu pour répondre à certaines des préoccupations découlant de la fatigue pandémique. Le Dr Slovic recommande ce qui suit :

  1. 1. Soyez conscient de l’insensibilisation psychique / de la fatigue pandémique / de la fatigue de la compassion chez vous-même:

Vous pouvez réduire l’impact de l’insensibilisation psychique en prenant conscience de la façon dont vous réagissez lorsque vous entendez une statistique ou que vous voyez des images en lien avec la pandémie à la télévision. Si vous sentez que vous devenez quelque peu insensible, vous voudrez peut-être imaginer ce que c’est que d’être dans la peau d’une personne représentée dans la statistique ou l’image. La personne a un nom, une famille et une histoire.

  1. 2. Sensibiliser les autres : vous pouvez utiliser vos réseaux sociaux pour discuter de l’insensibilisation psychique / de la fatigue pandémique / de la fatigue de la compassion en mettant en avant les idées et les stratégies discutées ci-dessus. Vous voulez augmenter l’empathie plutôt que de simplement évacuer la frustration. Transférer cet article ou des extraits de celui-ci peut être utile.
  2. 3. Maitrisez la puissance du témoignage: le pasteur qui prévoit de mettre en place des conversations ouvertes pour sa communauté envisage également d’inclure le témoignage personnel de ceux qui ont été confrontés aux divers aspects de la lutte contre la COVID-19; à la fois les survivants de la maladie, ainsi que ceux qui ont perdu des êtres chers à cause du virus. Les histoires personnelles peuvent être très puissantes. Mon épouse et moi prévoyons de faire une courte vidéo en espagnol et de la partager. Elle est professeure de pédiatrie à la Faculté de Médecine de l’Université de Loma Linda et vient de recevoir la deuxième injection du vaccin. Expliquer les mécanismes du virus et, plus important encore, le fonctionnement du vaccin peut aider certains. Cela conduit à leur dernière recommandation.
  3. 4. Reconnaissez que même des solutions partielles sauvent des vies entières Le message est clair. Aider une personne à la fois permet d’en sauver plusieurs à défaut de tous les sauver.

Une Réponse Chrétienne

Il est intéressant de noter que lorsqu’il s’est retrouvé face à un grand nombre de personnes dans le besoin, la réaction de Jésus a été le contraire de l’insensibilisation psychique. L’évangile de Matthieu (9:35, 36) dit que « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité.  Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger. »
Jésus n’a pas été envahi par un faux sentiment d’inefficacité vu le nombre et l’ampleur des besoins. L’évangile de Matthieu (18: 10-13) cite directement les paroles du Christ: « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée? Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. »
Le Christ n’était pas sous l’influence de l’effet de prééminence. Au contraire, l’Évangile de Matthieu (20: 28) déclare qu’« Il est est venu pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »

En tant que chrétien, je suis sûr que dans vos meilleurs jours, vous voulez être comme Jésus. Être comme Jésus va au-delà de la question « que ferait Jésus ? » Être comme Jésus signifie que votre comportement est motivé par la compassion. Le monde laïc reconnaît l’importance de la motivation dans notre crise mondiale. En tant que disciple de Jésus, la compassion qui se traduit en action lorsque nous voyons la souffrance, est un fruit de la présence de l’Esprit dans votre vie. Vous aussi, vous pouvez trouver la motivation pour faire face à la fatigue pandémique dans votre vie et dans celle de votre entourage et réagir en gardant à l’esprit certaines des idées partagées ci-dessus.

Si vous êtes chrétien, comme nous autres, vous savez que vous êtes simplement humain et que vous êtes loin d’être parfait. Parfois, vous pouvez vous aussi vous sentir « impuissant, comme une brebis sans berger. » Si c’est le cas, rappelez-vous les paroles du Psaume 23 (avec mes remarques entre parenthèses) :

L’Éternel est mon berger (Un berger est là pour protéger. Le berger peut ne pas physiquement tenir les brebis, mais il est vigilant face à toute menace et reste attentif aux besoins du troupeau). je ne manquerai de rien(ce dont j’ai besoin, pas forcément ce dont j’ai envie).
    Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles
    Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom (Il marche avec vous quand tout va bien, mais c’est à ce moment que nous avons tendance à être le plus oublieux).
Quand je marche
dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi
Ta houlette et ton bâton
me rassurent (Oui, Il est avec vous même lorsque vous avez l’impression de traverser les moments les plus sombres de votre vie).

Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires
(Il vous protège mais n’élimine pas toujours les difficultés).
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde (Réfléchissez et rappelez-vous les moments où vous avez ressenti sa bénédiction dans votre vie).
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel
Jusqu’à la fin de mes jours (Nous avons cette espérance! La pandémie n’est pas la fin de l’histoire de cette planète ou la fin de votre histoire personnelle).

Puissiez-vous être béni et revigoré, accueillant l’Esprit pour qu’il produise un fruit de compassion dans ces temps difficiles.

 

Carlos Fayard, PhD est professeur de psychiatrie et directeur du Centre de Collaboration de l’OMS au Département de Psychiatrie de la Faculté de Médecine de l’Université de Loma Linda, et auteur de Principes Chrétiens pour la Pratique de la Relation d’Aide et de la Psychothérapie.


O’Hara, D. (2020) Paul Slovic note « l’insensibilisation psychique » de la COVID-19. Monitor on Psychology. https://www.apa.org/members/content/covid-19-psychic-numbing. Consulté le 8-1-2021.

Organisation Mondiale de la Santé – Région Européenne (2020) Fatigue pandémique : Revigorer le public pour prévenir la COVID-19. Copenhague: Organisation Mondiale de la Santé

 

Traduction: Patrick Luciathe

Top news

L’hôpital adventiste du Honduras célèbre 50 ans de soins pleins de compassion et d’action communautaire
Un petite fille, une grande mission
Une planète dans le besoin