Michael Hasel et Katherine Hesler dans la zone où le peigne a été trouvé. [Photo : Zachary Kast, Quatrième expédition à Lakish]

Les archéologues de la SAU trouvent un peigne en ivoire avec la première phrase cananéenne écrite connue.

17 Novembre 2022 | Collegedale, Tennessee, États-Unis | Université Adventiste du Sud et Adventist Review

Une équipe d’archéologie composée d’étudiants et d’employés de l’Université Adventiste du Sud (SAU) et de l’Université Hébraïque de Jérusalem a découvert un peigne à cheveux ayant une signification linguistique. Découvert à Tel Lakish en Israël lors d’une fouille réalisée en 2016, le peigne présente la première phrase alphabétique complète connue jamais découverte. Elle a été écrite dans la langue cananéenne, qui est le prédécesseur de tous les alphabets modernes.

Fait d’ivoire, le peigne date d’environ 1700 av.J.C. Il a été découvert dans un carré des fouilles de Lakish sous la supervision de l’étudiante de la SAU, Katherine Hesler, diplômée en 2019. La traduction de l’inscription est : « Que cette défense (d’ivoire) extirpe les poux des cheveux et de la barbe. » Le 30 janvier 2023, le Musée Archéologique Lynn H. Wood de SAU ouvrira une nouvelle exposition temporaire présentant davantage d’éléments découverts à Lakish, avec un accent spécifique sur la conquête assyrienne de Juda et la délivrance de Jérusalem.

[Photo: Dafna Gazit, Autorité des Antiquités d’Israël]

L’alphabet a été inventé vers 1800 avant JC et a été utilisé par les Cananéens et plus tard par la plupart des autres langues du monde. Jusqu’à récemment, aucune inscription cananéenne significative n’avait été découverte, sauf seulement deux ou trois mots ici et là.

« La découverte ne peut pas être surestimée. L’invention de l’alphabet a été la contribution la plus importante à la communication au cours des quatre derniers millénaires, » a déclaré Michael G. Hasel, professeur d’archéologie à la SAU et codirecteur des fouilles de Lakish. Il a travaillé avec le professeur de la SAU Martin G. Klingbeil et le professeur de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Yosef Garfinkel. « Avant cette époque, les systèmes d’écriture compliqués en Égypte et en Mésopotamie limitaient l’alphabétisation. Aujourd’hui, la majeure partie du monde construit des phrases en utilisant l’alphabet trouvé sur ce peigne d’il y a 3700 ans. Ici, nous avons la première phrase verbale utilisant l’alphabet jamais découverte, » a dit Michael Hasel.

Le peigne en ivoire est petit, mesurant environ 3,5 sur 2,5 cm, avec des dents des deux côtés. Bien que leurs bases soient encore visibles, les dents du peigne elles-mêmes ont été cassées dans l’antiquité. La partie centrale du peigne est quelque peu érodée, peut-être par la pression des doigts tenant le peigne lors de la coiffure ou de l’élimination des poux. Le côté du peigne avec six dents épaisses servait à démêler les nœuds dans les cheveux, tandis que l’autre côté, avec 14 dents fines, servait à éliminer les poux et leurs œufs, tout comme les peignes à poux modernes à deux côtés vendus dans les magasins.

Représentation du peigne. [Photo : Daniel Vainstub]

Lorsque nous avons trouvé le peigne le premier jour des fouilles en 2016, l’inscription n’était pas visible en raison de l’incrustation de terre, » a indiqué Katherine Hesler.

Les peignes anciens étaient fabriqués à partir de bois, d’os ou d’ivoire. L’ivoire était un matériau très cher et probablement un objet de luxe importé. Comme il n’y avait pas d’éléphants à Canaan pendant cette période, le peigne provenait probablement de l’Égypte voisine – des facteurs indiquant que même les personnes de statut social élevé souffraient de poux.

Les partenaires de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont analysé le peigne lui-même pour détecter la présence de poux au microscope, et des photos ont été prises des deux côtés. Des restes de poux de tête, d’une taille de 0,5 à 0,6 mm, ont été trouvés sur la deuxième dent. Les conditions climatiques de Lakish n’ont cependant pas permis la conservation des poux de tête entiers mais seulement ceux de la membrane externe de la chitine du pou de tête au stade de nymphe.

La découverte de l’inscription sur le peigne n’a été faite qu’en 2022 au moment où Madeleine Mumcuoglu photographiait l’objet sous une certaine lumière. L’inscription a été déchiffrée par l’épigraphiste sémitique Daniel Vainstub de l’Université Ben Gourion. Les découvertes de l’expédition conjointe entre l’Université Hébraïque et l’Université Adventiste du Sud ont été publiées dans le Jerusalem Journal of Archaeology.

Archéologues de la SAU dans la zone AA où le peigne a été trouvé. [Photo : Zachary Kast, Quatrième expédition à Lakish]

Il y a 17 lettres cananéennes sur le peigne. Ils sont de forme archaïque – depuis le premier stade de l’invention de l’écriture alphabétique. Ils forment sept mots en cananéen qui disent : « Puisse cette défense (d’ivoire) extirper les poux des cheveux et de la barbe. »

Malgré sa petite taille, l’inscription sur le peigne de Lakish présente des caractéristiques très particulières, dont certaines sont uniques et comblent des lacunes dans la connaissance de nombreux aspects de la culture de Canaan à l’Âge de Bronze. Pour la première fois, les chercheurs disposent d’une phrase verbale entière écrite dans le dialecte parlé par les habitants cananéens de Lakish, ce qui leur permet de comparer cette langue sous tous ses aspects avec les autres sources relative à cette langue.

Deuxièmement, l’inscription sur le peigne met en lumière certains aspects précédemment mal établis de la vie quotidienne de l’époque, comme les soins capillaires et le traitement des poux.

Troisièmement, il s’agit de la première découverte faite dans la région d’une inscription faisant référence à l’utilisation de l’objet sur lequel elle était écrite, par opposition aux inscriptions dédicatoires ou de propriété sur les objets.

Vue aérienne de Tel Lakish [Photo: Emil Aladjem]

Enfin, l’habileté du graveur à exécuter avec succès des lettres aussi minuscules (1 à 3 mm de large) est un fait qu’il convient désormais de prendre en compte dans toute tentative de synthèse et de conclusion sur l’alphabétisation à Canaan à l’Âge de Bronze.

L’alphabet cananéen est le même utilisé dans l’hébreu écrit des premiers livres de la Bible. L’inscription sur le peigne permet de placer l’existence de l’alphabet avant la naissance des écrivains bibliques et confirme que l’écriture alphabétique était utilisée quotidiennement dans les villes qui ont ensuite été occupées par les Israélites.

Lakish était une cité-état cananéenne majeure au deuxième millénaire avant notre ère et la deuxième ville la plus importante du royaume biblique de Juda.

Traduction: Patrick Luciathe

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